Arthrite septique : recommandations françaises de prise en charge
- Couderc M & al.
- Joint Bone Spine
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
L’arthrite septique est une situation clinique rare mais constitue une urgence diagnostique du fait des possibles dégâts structuraux et de la morbi-mortalité associée.
Le groupe de travail sur les infections osseuses et articulaires de la Société française de rhumatologie (SFR), ainsi que des experts de la Société française des maladies infectieuses (SPILF) et de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) viennent de publier récemment des recommandations pratiques sur la prise en charge des arthrites septiques de l’adulte. L’accent est mis sur l’importance de la documentation microbiologique avant l’initiation de l’antibiothérapie, et sur la prise en charge dès le départ par une équipe médicale et chirurgicale expérimentée.
Le groupe d’experts a établi 16 recommandations spécifiques
- L'arthrite septique doit être envisagée dans tous les cas de monoarthrite aiguë, que le patient soit fébrile ou non. Une atteinte oligo- ou polyarticulaire n'exclut pas le diagnostic.
- La suspicion d'arthrite septique justifie la recherche de signes de gravité immédiate (Quick SOFA≥ 2).
- Bien qu’il s’agisse d’une urgence, la documentation microbiologique est essentielle avant d’administrer des antibiotiques (sauf en cas de signes de gravité immédiate de la septicémie avec une SOFA ≥2). L’ensemencement du liquide synovial en flacons d’hémocultures est recommandé, notamment en cas d’antibiothérapie préalable ou de temps d’acheminement long.
- La détection des microcristaux doit être effectuée en plus de l'analyse bactériologique, mais leur présence n'exclut pas le diagnostic de l'arthrite septique.
- Au moins deux séries d'hémoculture doivent être réalisées avant de proposer une antibiothérapie, même en l'absence de fièvre.
- Une radiographie est utile pour diagnostiquer une arthropathie préexistante et pour le suivi structurel, mais elle ne doit pas retarder la ponction articulaire. Aucune autre imagerie n'est nécessaire pour établir un diagnostic positif d’arthrite septique.
- Il n'y a aucune indication sur la réalisation systématique d'une échographie articulaire. Celle-ci est néanmoins utile, en cas d’incertitude clinique, pour confirmer la présence d'un épanchement intra-articulaire, ainsi que pour guider l'aspiration.
- Une échographie cardiaque doit être réalisée pour dépister une endocardite infectieuse en cas d'arthrite septique causée par Staphylococcus aureus, des streptocoques oraux non groupables, Streptococcus gallolyticus ou un Enterococcus faecalis.
- Sauf en cas de signes précoces de gravité (sepsis avec SOFA ≥2), l'antibiothérapie ne devrait pas être prescrite avant d'avoir procédé à une aspiration articulaire pour analyser le liquide synovial. Antibiothérapie sera initiée dès réception de résultats microbiologiques positifs. Une antibiothérapie probabiliste peut également être envisagée dans le cas de liquide synovial clairement purulent sans cristaux.
- La durée totale de l'antibiothérapie (IV puis orale) devrait être de 4 à 6 semaines pour les arthrites septiques à bactéries pyogènes. En revanche, une durée totale de 7 jours est suffisante dans les cas d'arthrite à Neisseria gonorrhoeae.
- L'articulation doit être drainée tant qu’un épanchement abondant persiste.
- Une procédure chirurgicale supplémentaire doit être envisagée si l'infection n'est pas contrôlée au niveau systémique ou local, malgré une antibiothérapie appropriée et la répétition du drainage par aspiration.
- Une prise en charge rééducative précoce et adaptée à l’intensité de la douleur ressentie par le patient sera envisagée, afin de maintenir le gain d’amplitude articulaire passive, puis de l’améliorer.
- L'immobilisation peut être proposée pour soulager la douleur pendant une durée aussi courte que possible.
- En cas d'atteinte d’une articulation portante, une remise en charge partielle avec 2 béquilles (pour simulation de la marche normale) est possible dès que la douleur le permet et que l'infection est maîtrisée.
- La surveillance clinique et biologique (CRP) de l’arthrite doit être réalisée dans le but de suivre le contrôle de l'infection, d’identifier et d’éliminer les portes d’entrée et d’évaluer les éventuelles séquelles fonctionnelles. Une radiographie est nécessaire à la fin du traitement antibiotique, afin d’évaluer tout dommage structurel.
En cas de destruction articulaire responsable d'un handicap fonctionnel douloureux et invalidant, une prothèse ou une arthrodèse (selon le site de l'articulation concernée) doivent être envisagées et discutées en réunion multidisciplinaire.
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