Arthrite juvénile idiopathique : comment expliquer les échecs à l’étanercept ?
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Cette étude prospective, multicentrique, menée dans sept centres de rhumatologie français ne permet pas de mettre en évidence une relation entre l’inactivité clinique de l’arthrite juvénile idiopathique (AJI) ou l’activité de l’AJI et les taux circulants d’étanercept ou d’anticorps anti-traitement chez des patients initialement traités par énatercept durant au moins 1 mois et demi. Ces résultats renforceraient l'idée que l'étanercept aurait une activité immunogénique marginale et ne permettraient pas de soutenir l’intérêt du suivi des concentrations d’étanercept ou d’anticorps anti-traitement en routine chez ces patients. Il serait maintenant intéressant de suivre des patients souffrant d’AJI et qui sont en initiation de traitement par étanercept afin d’évaluer si des conclusions similaires peuvent être portées en cas de non réponse à l’étanercept.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
L’étanercept est un traitement qui a démontré son efficacité dans l’arthrite juvénile idiopatique. En effet, au moins 70% des patients – sauf ceux présentant un facteur rhumatoïde positif et une AJI systémique – atteignent le critère ACR Pédiatrique 30 et au moins 40% des patients l’ACR701. Malgré ces bons résultats, 10 à 22% des patients arrêtent leur traitement par étanercept dans les 12 mois principalement à cause de l’inefficacité du traitement ou de la diminution de la réponse2. Le mécanisme permettant d’expliquer ces échecs thérapeutiques n’est malheureusement pas encore très clair. L’une des préoccupations majeures liées à l’utilisation d'un anticorps monoclonal est la réponse immune indésirable qu’il peut induire et qui s’accompagne d’anticorps anti-traitement. De fait, il était intéressant d’évaluer les associations potentielles entre l’activité/inactivité de la maladie et les taux de traitement et d’anticorps anti-traitement.
Méthodologie
Étude prospective multicentrique menée chez des patients souffrant d’arthrite juvénile idiopathique traités par étanercept. Les taux sériques d’étanercept et d’anticorps anti-étanercept (anticorps anti-traitement) ont été mesurés par méthode Elisa. L’inactivité clinique a été mesurée par les critères de Wallace et l’activité de l’arthrite juvénile idiopathique par le score JADAS10 (Juvenile Arthritis Disease Activity Score). Les patients inclus devaient présenter une AJI selon les critères ILAR, être âgés de 18 ans ou moins et être traités par étanercept à une dose et une fréquence à discrétion du médecin lui-même. Les patients étaient traités concomitamment par AINS et/ou par DMARD. Les échantillons sériques ont été collectés lors de deux visites habituelles espacées au maximum de 2 ans. La date et l’heure de la dernière injection d’étanercept avant la visite était précisées.
Principaux résultats
Au total, 126 patients (soit 218 échantillons) ont participé à l’étude dont 96 filles. 17% des sujets ont quitté l’étude avant la seconde visite principalement pour cause de réponse insuffisante au traitement. Le temps médian entre deux visites était de 366 jours. L’âge médian à l’inclusion de 10,5 ans, la durée médiane de la maladie de 4,6 ans, et la durée médiane du traitement par étanercept était de 569 jours. 78% des échantillons sériques étaient prélevés dans les sept jours après l’administration du traitement.
Les anticorps anti-traitement étaient indétectables (<10 ng/ml) chez 78% des sujets et les taux étaient supérieurs à 25 ng/mL pour 2 échantillons sur 218.
Aucune relation significative n’a pu être mise en évidence entre la concentration sérique d’étanercept et l’activité ou l’inactivité de l’AJI même après ajustement sur l’un des critères suivants : le temps depuis le diagnostic, le moment de prise de l’échantillon, l’utilisation de corticoïdes ou de méthotrexate et la classification de l’AJI.
Aucune corrélation n’a pu être mise en évidence non plus entre la rémission et la détection d’anticorps anti-traitement.
Les comparaisons réalisées entre les sujets ayant continué l’étude et ceux ayant arrêté le traitement n'ont montré aucune différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne les taux anticorps anti-traitement ou les taux d’étanercept. Et, dans les deux cas, l’inactivité clinique n’était pas un facteur significatif.
Principales limitations
Aucun patient n’a été inclus au moment de l’initiation du traitement par étanercept.
Financement
Étude financée par des fonds publiques.
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