Arbovirus : est-on prêt à faire face en métropole ?
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
Le Covars (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires) nous alerte sur l’augmentation du risque d’épidémies liées à des arbovirus comme la dengue, le virus Zika et le chikungunya en France métropolitaine.
Pourquoi ce risque ?
Aujourd’hui, la France est surtout concernée par les arbovirus dans ses territoires ultramarins tropicaux. En métropole, entre mai et décembre 2022, il a été enregistré 272 cas de dengue, 22 de chikungunya et 3 de Zika, mais ces chiffres risquent d’exploser à l’avenir, notamment à cause du changement climatique qui favorise l’extension du moustique tigre en métropole. À cela va s’ajouter de grands événements internationaux qui vont générer d’importants mouvements de populations et augmenter le risque d’épidémies, comme la Coupe du monde de rugby en septembre 2023 et les Jeux Olympiques en 2024.
La métropole est-elle prête ?
Le comité d’experts du Covars estime que la métropole n’est pas suffisamment préparée à faire face à ce risque sanitaire. Il est nécessaire de renforcer de façon importante et rapide les capacités de gestion, de prévention et d’anticipation concernant ce risque. Heureusement, « grâce à l’expérience de ses territoires ultra-marins déjà confrontés à ces risques, la France a une expertise concrète dans ce domaine, contrairement à la majorité des pays européens ».
Où en est la recherche ?
Le Covars estime que la France a la chance d’avoir une communauté de recherche sur les arbovirus qui est bien structurée. Par exemple :
- Une équipe marseillaise participe à l’évaluation d’un antiviral contre la dengue qui s’est avéré « très efficace » chez le macaque rhésus.
- Une équipe réunionnaise contribue au développement d’une approche pour lutter contre les moustiques tigres sans insecticides, en utilisant une bactérie nommée Wolbachia qui rend ce moustique stérile. Un premier lâcher de mâles stérilisants a été réalisé à La Réunion en 2022 et un second est prévu en 2024. En cas d’efficacité, cette technique pourrait être utilisée en métropole.
- D’autres équipes martiniquaise et réunionnaise tentent d’identifier des facteurs qui permettent de prédire si une personne infectée par la dengue est à risque de forme grave. Cela permettrait d’orienter précocement les patients et éviter une saturation de la médecine de ville ou des services hospitaliers en cas de forte épidémie.
Beaucoup d’autres projets de recherche sont en cours et laissent espérer que nous pourrions être mieux armés qu’actuellement si une épidémie survenait en métropole l’un des prochains été, comme le craint le Covars.
Où en sont les traitements et vaccins ?
Il n’existe à ce jour aucun traitement antiviral contre ces trois virus et si une certaine immunité se met en place après chaque épidémie, cette protection diminue avec le temps. De plus, concernant la dengue, le risque de formes graves augmente en cas de réinfection.
Pour ce qui est des vaccins, il n’en existe aucun contre les fièvres Zika et chikungunya. En revanche, contre la dengue, deux vaccins sont disponibles, mais ils ont chacun leurs limites :
- Dengvaxia® est réservé aux plus de 6 ans déjà infectés au moins une fois.
- Qdenga® est encore à l’étude pour s’assurer de son efficacité et de sa sécurité à long terme.
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