Après la pandémie de COVID-19, le déploiement de la PrEP a repris en France

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Le déploiement de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) s’est progressivement élargi depuis 2016 et, après un impact important de la pandémie de COVID-19, les chiffres des initiations ont atteint les scores d’avant pandémie et les ont même dépassés mi-2021.

L’analyse socio-démographique de ces données montre toutefois que certaines populations restent éloignées de son utilisation, comme les femmes ou les personnes les moins favorisées.

De nouvelles études seront intéressantes à mener pour évaluer l'impact de l'extension récente de l'initiation à la PrEP à tous les prescripteurs.

Pourquoi est-ce important ?

La PrEP orale du VIH est disponible et remboursée pour les personnes à haut risque d'infection par le VIH par voie sexuelle en France depuis janvier 2016. Depuis, sa diffusion a été largement encouragée. Cette étude visait donc à évaluer le succès de son déploiement.

Méthodes

L’étude a été conduite à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) couvrant 99% des personnes résidant en France. Tous les sujets âgés de 15 ans et plus ayant reçu une première délivrance de TDF-FTC (ténofovir/emtricitabine) entre janvier 2016 et juin 2021 (c'est-à-dire la période d'étude) ont été considérés comme ayant déjà utilisé la PrEP.

Principaux résultats

Au total, 42.159 initiations de PrEP ont été recensées sur la période 2016-2021. Le nombre mensuel d'initiations a débuté par 190 initiations en moyenne au cours du premier semestre 2016, puis a augmenté progressivement, jusqu’à 919/mois au deuxième semestre 2019. Ensuite, une chute a été observée durant la pandémie de COVID-19. C’est en juin 2020 que les initiations se sont rétablies à un niveau proche de celui observé avant le début de la pandémie. Enfin, à partir du premier semestre 2021, le nombre d'initiations est reparti à la hausse, en progression chaque mois : ainsi, le chiffre de 1.466 initiations mensuelles a été atteint en juin 2021.

Dans 97,5% des cas, les utilisateurs de la PrEP étaient des hommes (moyenne d’âge 36 ans) dont une minorité (7,0%) sont couverts par la CMU-C. La majorité sont des urbains (73,8%). Sur toute la durée de l’étude, la proportion de jeunes initiant le traitement a légèrement augmenté, ainsi que la part des sujets avec CMU-C ou celle des sujets non franciliens.

Le taux de maintien de la PrEP d'un semestre à l'autre était en moyenne de 84,9% sur toute l'étude. Parmi ceux ayant initié la PrEP au 2e semestre 2019 ou en 2020, 28% n'ont eu qu'un ou deux renouvellements et 23% n'ont eu aucun renouvellement au cours des six premiers mois de traitement. Ce sont des chiffres supérieurs à ceux des initiations au cours de la période précédente. Ainsi, 20,1% des nouveaux utilisateurs de PrEP n’avaient aucun renouvellement d'ordonnance au cours des six premiers mois suivant l'initiation, suggérant une proportion importante d'abandons précoces du traitement.