Apnée du sommeil : influence de la pression positive continue sur le contrôle glycémique

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude randomisée menée durant 3 mois, le traitement par pression positive continue (PPC) de patients diabétiques de type 2 nouvellement diagnostiqués pour syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) ne permet pas d’améliorer les excursions glycémiques, la valeur moyenne de la glycémie ou celle de l'hémoglobine glyquée (HbA1c). Cependant, dans le groupe contrôle n’ayant pas été traité par PPC, il semble que l'hyperglycémie postprandiale le soir et la glycémie au coucher se soient aggravées au cours de l’étude, ainsi que les valeurs glycémiques parmi le sous-groupe de femmes.

  • Étant donné que le dîner est le repas le plus calorique de la journée, les auteurs estiment plausible « que l'effet bénéfique de la thérapie PPC sur la stabilisation des valeurs glycémiques soit plus apparent après une charge glycémique importante (…). Les résultats suggèrent que la thérapie par PPC du SAOS modéré à sévère présente un intérêt pour les patients atteints de diabète de type 2 en freinant éventuellement les augmentations postprandiales de la glycémie ». Des études plus vastes et plus longues seraient utiles pour suivre ces paramètres à long terme.

Pourquoi est-ce important ?

Les données cliniques font la démonstration d’un lien entre le SAOS et le métabolisme glucidique (insulinorésistance, intolérance au glucose, diabète de type 2), en lien avec l'hypoxémie et la fréquence des réveils nocturnes. Aussi, l’efficacité du traitement du SAOS par PPC sur ces paramètres est intéressante à étudier, notamment chez le diabétique de type 2, chez lequel les excursions glycémiques ont un impact pronostique indépendant de la valeur de l’hémoglobine glyquée. Les études disponibles sur le sujet ne permettent pas de conclure, d’une part parce qu’elles ont été menées en suivant la valeur de l’HbA1c, et d’autre part parce que l’adhérence des patients à la PPC est souvent variable et modeste au sein des groupes de population suivis. Aussi, cette étude présente l’avantage d’avoir contourner ces deux limitations pour disposer d’une meilleure évaluation de l’influence de la PPC sur la glycémie des patients diabétiques souffrant de SAOS.

Méthodologie

Cette étude contrôlée randomisée en ouvert a recruté des patients diabétiques de type 2 âgés de 21 à 75 ans, ayant récemment reçu un diagnostic de SAOS. Une phase d’éligibilité a été conduite afin d’évaluer la capacité à utiliser la PPC chez ceux qui avaient une HbA1c ≥6,5% et un indice de désaturation en oxygène (IDO) ≥15 événements/heure. Ceux qui avaient eu une utilisation minimale de la PPC d’au moins 4 heures par nuit pendant au moins 3 nuits consécutives ont alors été randomisés (1:1) pour poursuivre la PPC accompagnée de conseils sur le mode de vie, versus ces conseils uniquement, durant 3 mois. Le critère principal d’évaluation était les excursions glycémiques à 3 mois, selon la mesure du glucose en continu (MGC).

Principaux résultats

Au total, 184 patients ont été recrutés (âge moyen 59,6 ans, 51% d’hommes). Ils avaient des caractéristiques (âge, indice de masse corporelle, traitements) équivalentes entre les deux groupes, hormis des antécédents cardiovasculaires plus fréquents dans le groupe contrôle versus PPC (11% vs 1%). Au cours de la période étudiée, la PPC a été utilisée en moyenne 5,4 h/nuit (médiane 5,5 h/nuit). L'observance (≥4h/nuit pendant au moins 70% des nuits) était de 77%.

À l’issue des trois mois, la valeur moyenne des excursions glycémiques a augmenté en moyenne de 0,8 mg/dL et de 1,1 mg/dL dans les groupes PPC et contrôle respectivement (différence -0,3 mg/dL, p=0,81). Les valeurs moyennes de glycémie ont augmenté de 4,3 mg/dL et 9,5 mg/dL respectivement, (différence -5,2 mg/dL, p=0,20). Enfin, l'HbA1c a augmenté de 0,2% dans les deux groupes.

Les analyses exploratoires menées sur les données à 3 mois ont mis en évidence que les valeurs moyennes glycémiques avant le déjeuner, après le dîner et au coucher étaient supérieure à 3 mois qu’à l’inclusion dans le groupe contrôle, alors que le groupe PPC n’avait eu aucune modification significative de ces valeurs sur 3 mois, et alors qu’aucune différence n'a été observée concernant la ration calorique moyennes ou la répartition moyenne en glucides, protéines ou lipides entre les deux groupes.