Antibiothérapie : hétérogénéité des bonnes pratiques en médecine générale
- Simon M & al.
- Clin Microbiol Infect
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
- À partir des données 2019 de l’Assurance Maladie relatives à la région Grand Est, des chercheurs ont établi trois groupes de praticiens dont la conformité des pratiques aux recommandations de bon usage des antibiotiques sont supérieures, conformes ou inférieures à la moyenne. Ainsi, les praticiens identifiés comme ayant les pratiques les plus perfectibles (plus souvent des hommes, plus âgés, davantage prescripteurs d’une manière générale…) pourraient faire l’objet de programmes ciblés. Par ailleurs, en décrivant la spécificité de leur patientèle, il est aussi possible d’identifier les axes sur lesquels bâtir ces programmes.
Afin de lutter contre l’émergence d’antibiorésistances, les programmes de bon usage des antibiotiques sont importants, mais leur efficacité est parfois difficile à évaluer : en France par exemple, la base de données de l’Assurance Maladie ne comporte pas les indications cliniques, ce qui complexifie l’évaluation de la pertinence des prescriptions antibiotiques. Une équipe de chercheurs lorrains a récemment développé un ensemble de 10 indicateurs indirects de prescription (ou « proxy indicateurs ») à partir de la littérature et d’un consensus d’experts, comme la variation saisonnière des prescriptions d’antibiotiques, la fréquence des coprescriptions corticoïdes oraux-antibiotiques, ou celle des prescriptions d’antibiotiques non recommandés en routine...
Dans une nouvelle publication, cette équipe a mis en application l’utilisation de ces indicateurs afin d’établir le profil des médecins généralistes les moins enclins à suivre les recommandations de bon usage des antibiotiques.
Méthodologie
Les chercheurs ont conduit leurs travaux à partir des données 2019 de l’Assurance Maladie relatives à la région Grand Est. Ils ont conduit une analyse des 10 indicateurs pour tous les médecins généralistes en exercice de la région pour lesquels un score de conformité a pu être calculer. Des analyses de cluster ont ensuite été menées pour dresser le profil des praticiens ayant les pratiques les plus ou au contraire les moins conformes aux recommandations de bon usage.
Principaux résultats
L’analyse a inclus les données de 4.81O médecins généralistes (âge moyen 53 ans, 63% d’hommes), qui avaient prescrit 2.950.425 antibiothérapies à 1.962.654 patients (55% de femmes, 20% de moins de 16 ans, 19% de plus de 65 ans, 14% avec une maladie chronique).
Le calcul des scores de conformité montre que le taux de praticiens en conformité avec les bonnes pratiques pour chaque indicateur est très hétérogène : ce taux varie de 15,3% pour les praticiens restant sous la barre des 20% de variation saisonnière des prescriptions totales d'antibiotiques (évaluée à partir du ratio entre le nombre de prescriptions de quinolones durant la saison froide et celui durant la saison chaude), à 88,5% pour les praticiens chez lesquels les prescriptions antibiotiques contre les infections urinaires féminines sont conformes (ratio entre le nombre de prescriptions de nitrofurantoïne, de pivmecillinam ou de fosfomycine-trométamol rapporté à celui de quinolones, valeur attendue >1).
Trois clusters de médecins ont été identifiés à partir des valeurs des 10 indicateurs : ceux qui avaient des pratiques conformes à la moyenne des praticiens et qui représentaient 33% des médecins analysés, ceux qui avaient des pratiques meilleures que la moyenne (15%), et ceux qui avaient des pratiques moins bonnes que la moyenne (52%). Ces groupes de généralistes se distinguaient par différentes caractéristiques : ainsi ceux qui avaient de moins bonnes pratiques étaient plus souvent des hommes, pratiquaient depuis plus longtemps et plus souvent en zone rurale. Il s’agissait aussi de médecins recevant plus de patients, et notamment de patients âgés. Ils prescrivaient aussi plus souvent des antibiotiques, notamment à large spectre, et d’une manière générale, plus de médicaments. Leur patientèle comportait notamment une proportion plus importante de sujets>65 ans, plus de patients atteints de maladies chroniques et moins souvent de sujets <16 ans.
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