Antibioclic : quelle représentativité de l’antibiorésistance en soins primaires ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

A retenir

  • L’analyse des cas cliniques saisis sur Antibioclic, outil d’aide à la décision en soins primaires, permet de décrire les cas de résistance observés dans les infections urinaires communautaires liées à E. coli et de les comparer à ceux  issus des autres outils de surveillance, généralement hospitaliers. Il apparaît qu’un gradient de résistance existe selon la localisation (tractus inférieur ou supérieur) et le type (compliqué ou non) de l'infection urinaire. Par ailleurs, quelques nuances existent par rapport aux données des autres outils de surveillance. La résistance aux fluoroquinolones a augmenté dans les cystites non compliquées et les infections urinaires supérieures compliquées, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur utilisation empirique en soins primaires.


Les données de surveillance des infections urinaires, type EARS-NET, sont principalement hospitalières et peuvent donner une image déformée des situations rencontrées en soins primaires. Quant à celles issues de laboratoires d’analyse de ville, comme MediQual, elles ne peuvent être exploitées par type d’infections. Antibioclic est un outil d’aide à la décision thérapeutique qui a été développé par des équipes académiques à destination des praticiens de soins primaires. Ces chercheurs ont voulu explorer les données 2017-2020 relatives aux Escherichia coli afin d’apprécier dans quelle mesure elles étaient comparables aux données disponibles par ailleurs sur le sujet.

Méthodologie

Depuis 2017, Antibioclic propose des recommandations pour la prise en charge des infections bactériennes, à partir des informations remplies en ligne par les praticiens concernant le profil de leurs patients. Les auteurs ont collecté toutes les saisies réalisées jusqu’en 2019 concernant les infections urinaires.

Principaux résultats

Au total, Antibioclic a été utilisé sur la période par 3.494 médecins (86% de généralistes, 75% de franciliens), avec un total de 43.591 requêtes sur les infections urinaires (91% de cas adultes), dont 10.192 impliquaient E. coli (40% chez des ≥65 ans, 20% chez des patients déjà traités par antibiothérapie dans les 3 mois précédents, 8% d’infections urinaires récidivantes).

Parmi les infections urinaires à E. coli, les principales résistances rapportées étaient celles à l'amoxicilline (41,3%) et aux fluoroquinolones (16,6%). La fréquence de la première était inférieure à celle rapportée par MedQual ou par EARS-NET (42,7% et 55,2% respectivement), alors que la seconde leur était supérieure (12,0 % et 15,8%).

La résistance aux céphalosporines de 3e génération (6,6%) observée dans l’outil était plus intermédiaire à celle rapportée par MedQual ou EARS-NET (respectivement 3,5 et 9,5%). Enfin, celle aux aminoglycosides (5,7%) était plus faible que celle d’EARS-NET (7,1%, MedQual non disponible).

La fréquence de l’antibiorésistance était supérieure dans les infections compliquées, et les infections hautes (pyélonéphrites compliquées, infections urinaires masculines). Par ailleurs, les chiffres étaient relativement stables au cours des trois années d’analyse.