Anti-TNF : mieux préciser les facteurs de risque d’anticorps anti-médicament
- Quistrebert J & al.
- Semin Arthritis Rheum
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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L’analyse rétrospective de 6 cohortes européennes montre que 20 à 30% des patients souffrant de PR et traités par adalimumab ou par infliximab développent des anticorps anti-médicament à 18 mois de suivi, l’augmentation semblant suivre une sigmoïde au cours du temps. L’ancienneté de la maladie, l’activité et le statut tabagique semblent constituer des facteurs prédictifs pour l’un et/ou l’autre des traitements.
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Le consortium ABIRISK qui a mené cette analyse poursuit parallèlement des études prospectives dans ce contexte clinique, qui devraient permettre de confirmer ou non ces données rétrospectives.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
Les biothérapies anti-TNF alpha ont élargi l'arsenal thérapeutique disponible contre la polyarthrite rhumatoïde, mais le développement d’Ac anti-médicaments (ADA) peut contrer leur efficacité et mener à un échec thérapeutique. Le consortium européen ABIRISK vise à étudier l’immunogénicité clinique et biologique des biothérapies dans différents domaines thérapeutiques afin de développer des modèles prédictifs du développement de ces anticorps à travers des études prospectives multicentriques. Dans cette publication, ils ont mené une analyse rétrospective en regroupant des patients traités par infliximab ou adalimumab issus de plusieurs études européennes, et ont évalué le développement d’ADA grâce à des tests standardisés et validés.
Méthodologie
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Dans cette analyse, les données démographiques et cliniques des patients atteints de PR issus de 6 cohortes relatives à 3 pays européens ont été anonymisées, normalisées et regroupées dans la base de données ABIRISK. Les patients adultes avaient été traités par adalimumab ou par infliximab, la plupart étant naïfs en anti-TNF et co-traités par méthotrexate, et on devait disposer pour chacun d’au moins un prélèvement sanguin réalisé dans les 18 premiers mois du traitement.
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L’objectif de l’étude était de déterminer la fréquence et le délai de survenue de l’apparition des ADA. L’objectif était aussi d’identifier des facteurs prédictifs de leur développement.
Principaux résultats
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L’ensemble des cohortes a permis de rassembler 240 sujets ayant reçu l’adalimumab et 126 ayant reçu l’infliximab. Au cours des 18 mois, des ADA ont été identifiés chez 19,2% et chez 29,4% d’entre eux respectivement, après un délai médian d’apparition de 4,5 et de 13 mois. Ce chiffre croissait avec le temps.
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Selon les analyses multivariées, le développement d’ADA sous adalimumab apparaissait supérieur pour les personnes dont la maladie avait plus d’un an d’ancienneté (HR 3,0 [1,0-8,7] après 1-3 ans d’ancienneté vs <1 an) et pour les patients dont le DAS28 initial était de 3,2-5,1 par rapport à ceux ayant un DAS28<3,2 (HR 6,6 [1,3-33,7]).
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Le développement d’ADA sous infliximab apparaissait également supérieur pour les personnes dont la maladie avait 1-3 ans d’ancienneté (HR 2,7 [1,1-6,8] vs <1 an) et chez ceux qui fumaient (HR : 2,7 vs non fumeurs [1,2-6,3]).
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Il existait une relation inverse entre l’augmentation du taux d’ADA et la baisse du taux sanguin de chacun des deux anticorps monoclonaux en analyse univariée et multivariée.
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