Anti-Nutri-score : quels sont les arguments ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Le Nutri-score est un logo d’information nutritionnelle à cinq couleurs destiné à aider les consommateurs à juger, d’un simple coup d’œil, la qualité nutritionnelle des aliments. Bien que ce logo ait été adopté par plusieurs pays européens, ses opposants restent très actifs et on observe  depuis quelques mois l’émergence de nouvelles actions anti-Nutri-score. Voyons le point de vue de Serge Hercberg* sur leurs arguments (article publié sur le site de l'INRAE : "Lobbying et alimentation : le point de vue de Serge Hercberg sur les arguments des anti-Nutri-score")...

Certains secteurs considèrent que leurs produits ne sont pas bien classés et se sentent pénalisés de façon injuste. C’est par exemple le cas des charcuteries et des fromages dont une grande partie se trouve en classe D et E, en raison de leur teneur élevée en acides gras saturés et en sel, ainsi que de leur forte densité calorique. Cependant, le Nutri-score n’a pas pour objectif de pénaliser des produits mais d’informer clairement le consommateur qu’ils peuvent faire partie d’une alimentation équilibrée, mais à condition d’être consommés en quantité modérée et avec une fréquence limitée. Cela est cohérent avec les recommandations nutritionnelles actuelles qui conseillent de limiter la consommation de charcuteries et de fromages.

Parmi les arguments avancés par les anti-Nutri-score, on retrouve le fait qu’il serait contre le régime méditerranéen et contre les « aliments traditionnels ».

Concernant le régime méditerranéen, il se caractérise par « une consommation importante de fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes, une consommation modérée de poisson et de produits laitiers (dont le fromage), peu de viande rouge et de charcuteries, et ses matières grasses sont essentiellement apportées par l’huile d’olive ». Or, les aliments pauvres en gras, sucre ou sel, et riches en fibres, fruits et légumes, légumineuses et fruits secs à coque sont classés favorablement par le Nutri-score. De plus, l’huile d’olive est classée « C », ce qui représente la meilleure catégorie possible pour les matières grasses ajoutées, les autres huiles végétales étant plutôt classées en D ou E (seules les huiles de colza et de noix sont également classées C). Ainsi, les éléments principaux du régime méditerranéen sont plutôt favorablement classés par le Nutri-score.

Concernant les aliments traditionnels, certains estiment qu’ils sont pénalisés par le Nutri-score alors qu’ils font partie d’un patrimoine culinaire national ou régional. Or il faut bien comprendre de quoi on parle : les charcuteries et les fromages peuvent faire partie du paysage culinaire et gastronomique d’une région ou d’un pays et disposer de labels de qualité (AOC/AOP, Indication géographique protégée – IGP, bio, Label rouge…) mais ceux-ci ne font que garantir la provenance d’un produit, son élaboration selon un savoir-faire reconnu, en respectant un cahier des charges spécifique. Certains peuvent même avoir des qualités sensorielles et des conditions de production supérieures par rapport à d’autres produits similaires mais cela ne présage pas de leur qualité nutritionnelle qui est évaluée par le Nutri-score.

On peut rappeler que le Nutri-score a fait l’objet de plus de 45 études scientifiques publiées dans des revues internationales à comité de lecture qui démontrent son efficacité, sa pertinence et son utilité pour les consommateurs et pour la santé publique.

* Serge Hercberg est professeur émérite de nutrition université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) - praticien hospitalier département de santé publique, hôpital Avicenne (AP-HP)