ANRS QUATUOR confirme le maintien du contrôle virologique sous trithérapie anti-VIH intermittente

  • Landman R & al.
  • Lancet HIV

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • ANRS-170 QUATUOR est la première étude randomisée ayant évalué un régime intermittent (4 jours de trithérapie puis 3 jours de pause) : elle a conclu à la non-infériorité du schéma allégé versus le schéma posologique standard, en termes de maintien du succès thérapeutique. Les échecs virologiques à la semaine 48 restaient peu nombreux dans les groupes, et sans différence selon la nature de la trithérapie antirétrovirale. Parallèlement, cette approche permettait d’améliorer la qualité de vie et de réduire les coûts du traitement. Des études virologiques et l’efficacité à plus long terme sont en cours d’analyse.

Pourquoi est-ce important ?

Pour limiter la toxicité au long cours des antirétroviraux, différentes stratégies d’allègement thérapeutique sont évaluées, parmi lesquelles le traitement intermittent (reposant sur 4 ou 5 jours de traitement par semaine) a démontré sa faisabilité dans le cadre d’études pilotes. Afin de valider cette option, une étude clinique randomisée de non-infériorité a été menée à partir d’une combinaison d’antirétroviraux (ART) couramment utilisée en pratique clinique.

Méthodologie

L’essai ANRS-170 QUATUOR était une étude randomisée de non-infériorité qui a recruté des patients adultes infectés par le VIH-1 sous trithérapie antirétrovirale stable depuis au moins 4 mois, avec une charge virale <50 copies/mL depuis au moins 12 mois et sans mutation de résistance à l’un des médicaments prescrits.

Ils ont été randomisés 1:1 entre un groupe poursuivant la posologie habituelle et un groupe intermittent dans lequel les patients devaient alterner 4 jours de prise et 3 jours de pause. Le suivi a été mené régulièrement jusqu’à la 48e semaine. Le critère principal était le taux de patients qui conservaient une charge virale <50 copies/mL sans modification thérapeutique.

Principaux résultats

Au total, 636 patients ont été recrutés (85% d’hommes, âge médian 49 ans) : ils étaient 67% d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et 15% à être nés en Afrique subsaharienne. La durée médiane de contrôle de la charge virale était de 5,8 ans.

Les schémas thérapeutiques comportaient tous deux inhibiteurs nucléotidiques et nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) associés à un inhibiteur de l’intégrase (INI) pour 48%, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI) pour 47% et un inhibiteur de protéase pour 6% des patients.

A 48 semaines, le taux de patients conservant une charge virale <50 copies/mL sans modification thérapeutique était de 96% dans le groupe de traitement intermittent contre 97% dans le groupe conventionnel, soit une différence ajustée non significative (-1,3%) confirmant la non-infériorité d’un schéma intermittent. Au total, les patients en échec virologique étaient respectivement 6 et 4 dans ces deux groupes, lié à l’apparition de mutations de résistance. Aucune spécificité virale, clinique ou thérapeutique, n’a été identifiée comme favorisant l’échec thérapeutique, même si les patients ayant un taux de CD4 plus faible semblaient avoir légèrement moins de risque d’être en échec dans le groupe intermittent que dans l’autre bras.

Parallèlement, les évènements indésirables sévères (grade 3 -4) ont été rapportés chez 9% et 12% des groupes intermittent et conventionnel, avec parallèlement une qualité de vie (score PROQOL-HIV) significativement améliorée dans le groupe intermittent (59% vs 7%, p<0,0001). Enfin, le coût du traitement antirétroviral était 43% moins élevé dans le premier groupe que dans le second (4.127 vs 7.207 euros, p<0,0001)