Anorexie mentale et addiction au sport : une origine génétique ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Les patientes souffrant d’anorexie mentale pratiquent souvent une activité sportive intense qui participe à l’amaigrissement. Des chercheurs français viennent de montrer que l’effort physique génère des émotions positives et un effet récompense non seulement chez les patientes anorexiques mais également chez leurs apparentés non malades, ce qui pose l’hypothèse d’une influence génétique.

Une précédente étude avait déjà montré que l’anorexie mentale est plus associée au plaisir de maigrir qu’à la peur de grossir, et que cet aspect serait influencé génétiquement . C’est un véritable cercle vicieux dans lequel le fait de maigrir est tellement gratifiant que le malade passe outre les dangers, son processus décisionnel étant altéré par l’effet récompense, le cerveau renvoyant des messages valorisant le maintien du trouble.

Addiction au sport : un élément important dans la prise en charge de l’anorexie 

La nouvelle étude française publiée dans l’International Journal of Eating Disorders s’est intéressée à l’activité physique chez les patientes anorexiques. Bien qu’elle ne soit pas considérée comme une manifestation clinique de l’anorexie, elle représente pourtant l’autre versant de la perte de poids, en plus de la carence alimentaire. Pour ces femmes, l’exercice physique est une façon de gérer leur faim et perdre des calories.

L’originalité de cette étude est d’avoir recueilli non seulement les émotions et les perceptions des patientes à la suite d’un exercice physique standardisé, mais aussi celles de membres de leur famille (mères et sœurs notamment). Ainsi, 88 patientes souffrant d’anorexie mentale, 30 de leurs proches non malades et 89 sujets « contrôles » sains ont été recrutés. Après un exercice physique standardisé, tous les participants ont répondu à des questionnaires portant notamment sur leurs émotions après l’effort et sur la perception de leur image corporelle. Il en ressort qu’à effort équivalent, les patientes anorexiques et leurs proches rapportent plus d’émotions positives que les sujets contrôles. La recherche d’un effet récompense par l’effort physique constituerait donc un aspect important de la maladie, qui serait génétiquement influencé.

La dépense calorique par le sport est donc à prendre en compte dans la prise en charge de l’anorexie. Il paraît intéressant de travailler avec les patientes pour leur réapprendre à découvrir l’effort physique plaisir (modéré) et ainsi désapprendre l’effort physique addictif, probablement associé à une finalité de perte de poids. Cet aspect de la prise en charge est déjà pris en compte par certaines équipes spécialisées mais les arguments scientifiques concrets apportés par cette étude viennent conforter cette pratique et la légitimer, afin qu’elle se généralise.