Amélioration de la santé mentale chez les 16 ans et plus à l’été 2021
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
L’enquête EpiCov est une étude de cohorte destinée à évaluer le retentissement de l’épidémie de COVID-19 sur la santé mentale des Français (métropole et territoires ultramarins). Sa troisième vague a été menée entre le 24 juin et le 6 août 2021 auprès de 85.000 personnes de 15 ans ou plus au 1er janvier 2020, interrogées par téléphone (18%) ou autoquestionnaire en ligne (82%).
Syndromes dépressifs, anxieux, boulimiques
Le taux de personnes dépressives s’établissait à 11% (12% de femmes, 9% d’hommes), comparable à ceux de novembre 2020 et de 2019 (enquête santé européenne EHIS). Cependant, chez les 16-24 ans, il s’élevait à 14% (18% des femmes, 11% des hommes), soit une baisse de 5 points par rapport à novembre 2020, mais une hausse d’encore 4 points par rapport à 2019. L’enquête ayant été menée en été, il est possible que joue un effet de saisonnalité, auquel s’ajouterait une meilleure déclaration du mal-être psychologique suite à la campagne gouvernementale sur le sujet.
Le taux de personnes ayant un syndrome anxieux s’établissait aussi à 11% (14% de femmes, 8% d’hommes), s’élevant à plus de 20% chez les femmes de 16 à 24 ans contre 8% chez les hommes du même âge. De plus, 6% de la population enquêtée déclarait être touchée à la fois par un syndrome dépressif et un syndrome anxieux.
En ce qui concerne les comportements boulimiques, 3 % des hommes et 5 % des femmes de 16 ans ou plus déclaraient qu’il leur arrivait au moins deux fois par semaine depuis trois mois de consommer une « quantité anormalement grande de nourriture » tout en ayant « l’impression de ne pas contrôler ce [qu’il/elle] mangeait ou les quantités de nourriture [qu’il/elle] mangeait » en moins de deux heures. Ces taux montaient à 8% chez les jeunes femmes de 16 à 24 ans.
Facteurs favorisants de troubles mentaux
Parmi les personnes en emploi travaillant « parfois », « souvent » ou « toujours » en horaires décalés (soir, nuit ou tôt le matin), soit 45% de la population enquêtée, 16% étaient anxieux et/ou dépressifs (versus 17% pour les autres), 5% avec des comportements boulimiques (vs 3%) et 6% des consommations d’alcool à risque chronique (vs 4%).
La surcharge de travail (28% de la population en emploi), le trop peu de travail (9%), le fait de faire des tâches inédites (14%) doublaient les taux de syndromes anxieux et/ou dépressifs et les comportements boulimiques.
Parmi les 27 % de travailleurs qui ont déclaré avoir craint « que [leur] santé soit mise en danger par [leurs] conditions de travail en rapport avec l’épidémie de coronavirus », les taux de troubles anxieux et/ou dépressifs (24 %) et de comportements boulimiques (7 %) étaient nettement plus élevés que chez ceux n’ayant jamais eu ce type de craintes (respectivement 11 % et 4 %).
Un faible soutien social (ressources relationnelles perçues) était déclaré par 17% des enquêtés, contre 13% en 2019, et par 14% versus 6% de ceux de 16-24 ans.
La part des personnes concernées par un problème de santé mentale était plus importante chez celles qui avaient un niveau de vie modeste (évalué par quintiles), chez les chômeurs, les étudiants et les inactifs.
Au total, les personnes touchées par un syndrome anxieux, dépressif ou par des comportements boulimiques étaient plus fréquemment des femmes, des jeunes, des personnes porteuses d’un handicap, des personnes déclarant un faible niveau de soutien social et dont la situation économique était critique ou dégradée depuis 2020. En outre, elles déclaraient plus souvent des temps d’exposition aux écrans supérieurs à 4 heures par jour (hors raisons professionnelles ou éducatives) et une consultation des réseaux sociaux au moins chaque jour, voire chaque heure.
Enfin, elles avaient une probabilité plus élevée d’avoir une consommation régulière de cannabis, quotidienne de tabac, et d’alcool à risque chronique. À noter cependant que les personnes ayant une consommation d’alcool à risque modéré paraissaient légèrement protégées des syndromes dépressifs par rapport à celles ne consommant pas du tout d’alcool.
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