Améliorer l’observance des patients atteints de maladies chroniques
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
La non-observance concernerait 30 à 50% des patients atteints de maladies chroniques, qu’ils aient ou non suivi un programme d’éducation thérapeutique. Quand on sait que ces pathologies touchent plus de 10 millions de personnes en France, on comprend l’affirmation de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en 2003 : « Optimiser l’observance médicamenteuse aurait plus d’impact en termes de santé mondiale que le développement de nouveaux médicaments. »
Comme l’expliquent deux chercheurs en sciences de l’éducation, les acquis de l’économie comportementale peuvent aider à l’améliorer. En intégrant les dimensions cognitives, psychologiques et neuronales de l’être humain, elle a montré qu’il n’est pas un supercalculateur évaluant rationnellement les bénéfices à tirer d’une action puis la mettant en œuvre.
Certaines décisions conscientes sont pondérées par la prise en compte de leurs conséquences : celles qui demandent un investissement (en temps, argent, efforts, etc), celles qui impliquent d’autres personnes et celles qui réclament une priorisation des actions possibles.
Cette priorisation peut suivre trois processus :
- « Pavlovien » : l’exposition à une situation déclenche une action (par exemple, allumer la télévision en rentrant chez soi).
- Par formation d’habitudes : la priorisation fait suite à un processus d’apprentissage par essais-erreurs puis, une fois effectuée la sélection de l’action, celle-ci est acquise par répétition (par exemple, prendre son traitement avec son petit-déjeuner).
- Par orientation vers un objectif avec évaluation des conséquences (par exemple, regarder la télévision le soir et évaluation de la fatigue le lendemain). Ce processus a l’avantage de permettre l’adaptation à un contexte changeant, mais il réclame un effort cognitif.
Par ailleurs, plusieurs facteurs peuvent influencer l’observance :
- La nature de la pathologie et des traitements.
- L’état du système de santé de proximité (ressources en soins, etc).
- Des facteurs personnels :
- Cognitifs : niveau de connaissances et de compréhension de la maladie, de l’utilité des traitements et des recommandations, ainsi que les croyances, les coutumes et la culture.
- Émotionnels : stress, anxiété, douleurs ou effets indésirables liés aux traitements.
- Comportementaux : habitudes, compétences, savoir-faire.
- Sociaux : conditions de vie, soutien des proches, qualité de la prise en charge.
Le temps peut amener un délitement de l’observance, suivant des formes variables (oubli ou retard de prise de médicaments, adaptation des doses, non-respect de la fréquence d’administration).
La capacité d’observance doit également être évaluée sur le niveau de performance des fonctions exécutives. Par exemple, plusieurs études ont montré que le contrôle glycémique de jeunes patients âgés de 12 à 18 ans dépendait de leurs capacités d’autorégulation liées à la flexibilité mentale, au contrôle de l’attention, à la fixation d’objectifs et à la régulation des émotions.
En pratique, il est possible d’aider les patients, via une prise de conscience. De plus, certains programmes d’éducation thérapeutique peuvent leur permettre d’acquérir des automatismes, qui ne les obligent pas à penser constamment à leur maladie. En effet, une pathologie chronique implique une charge mentale importante, qui peut même conduire à un phénomène de « burn-out ». Ces programmes intègrent des techniques de gestion du stress et des émotions négatives, par exemple la méditation, le sport, le yoga. Elles ont en outre l’avantage d’améliorer les fonctions exécutives.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé