Alzheimer : Comment les généralistes gèrent-ils la phase prodromique ?

  • Ansart M & al.
  • Alzheimers Dement (N Y)

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • La prescription des psychotropes et de plusieurs médicaments phares au cours de la phase prodromale puis constituée de la maladie d’Alzheimer suggère une modification radicale de la prise en charge une fois le diagnostic posé, avec notamment une diminution notable du suivi de certaines comorbidités. Dans les années précédant le diagnostic, en revanche, une augmentation de la prescription de certains psychotropes (antidépresseurs, antipsychotiques…) semble correspondre à un traitement des premiers signes de la maladie.

 

La gestion de la phase prodromique et des premiers stades de la maladie d’Alzheimer est particulière, en l’absence de traitements spécifiques. Afin d’en connaître plus précisément les déterminants, et la façon dont les généralistes font évoluer leurs prescriptions durant l’évolution de la maladie, une équipe francilienne a conduit une analyse longitudinale à partir des données de santé ouvertes de la base THIN.

Méthodologie

La patientèle de 2.000 généralistes français a été analysée entre 1996 et 2019 : les auteurs ont identifié les patients ayant un diagnostic de maladie d’Alzheimer (MA) après l’âge de 50 ans, et pour lesquels on disposait d’au moins 2 années d’antériorité par rapport au diagnostic. Deux types d’appariement ont été envisagés avec des personnes de même sexe et de même âge : le premier avec des personnes ayant eu un diagnostic de troubles cognitifs légers (TCL) et le second avec des personnes n’ayant ni diagnostic MA, ni diagnostic TCL. Ce travail a permis de comparer les prescriptions de psychotropes que chacun avait reçues sur la période précédant puis succédant au diagnostic.

Principaux résultats

Durant la phase pré-diagnostic, les futurs patients atteints de MA étaient plus souvent traités par antidépresseurs (odds ratio 3,18), par antipsychotiques (3,17) et par médicaments antidémence (4,17) que les patients TCL appariés.

Au moment du diagnostic, les médicaments contre la démence, les antipsychotiques et les antidépresseurs ont vu leurs prescriptions augmenter significativement (OR respectif de 7,64, 3,03 et 1,92), tandis que celles des benzodiazépines, des hypoglycémiants ou des antihypertenseurs, qui étaient déjà moins fréquentes avant le diagnostic, connaissaient une baisse significative.

Au cours des 10 années suivant le diagnostic, les prescriptions de médicaments contre la démence ou antidépresseurs ont fortement diminué jusqu’à rejoindre progressivement un taux proche de celui qui existait quelques années avant le diagnostic. De même, les antihypertenseurs et les hypoglycémiants étaient de moins en moins prescrits au fur et à mesure de l'évolution de la maladie.