Alimentation et cancer : entre connaissances et croyances

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une enquête française montre que de très nombreuses personnes s’intéressent à l’impact de l’alimentation sur le cancer que ce soit en population générale, chez les patients atteints de cancer ou les personnes à risque élevé de cancer.
  • Si beaucoup sont convaincues que l’alimentation a un impact sur le risque de cancer, près d’un tiers pensent que manger 5 fruits et légumes par jour suffit à limiter ce risque.

     

Pourquoi est-ce important ?

L’alimentation est un élément fondamental de la prévention du cancer. L’alimentation pourrait potentiellement prévenir ou retarder la survenue de plusieurs cancers par le biais de différents mécanismes, notamment le contrôle du poids, l’évitement de facteurs promoteurs du cancer, la suppression d’aliments pro-inflammatoires, l’exposition à des toxiques ou encore en favorisant l’équilibre du microbiote. Ainsi, entre 5 et 6% des cancers, des décès par cancer et des années de vie sans incapacité perdues seraient attribuables à des facteurs alimentaires, et ce indépendamment du surpoids et de l’obésité. Un mode de vie sain (alimentation et activité physique) pourrait réduire le risque de survenue de cancer, et de récidive de cancer. Il est important de mieux identifier le savoir et les croyances des individus, afin d’adapter les interventions nutritionnelles et la communication en conséquence.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée en ligne via deux importants réseaux sociaux de centres de lutte contre le cancer, et proposée également à toutes les personnes se rendant dans un centre de cancérologie et aux soignants de ce même centre.

Principaux résultats

Au global, 2.887 personnes ont répondu à l’enquête (dont un tiers avaient des antécédents de cancer, 13% étaient à à haut risque de cancer et 55% n’appartenaient ni à l’une, ni à l’autre de ces catégories - population générale ; 87% des participants étaient des femmes, deux tiers des sujets atteints de cancer et un peu moins de la moitié de ceux sans cancer avaient 50 ans ou plus ; indice de masse corporelle (IMC) médian de 23,2 kg/m2).

Sur l’ensemble de la population, 11% suivaient un régime plutôt faible en glucides (28% de la cohorte dont 42% de ceux atteints de cancer) ou un régime amaigrissant.

Presque 3 individus sur 10 (27%) avaient déjà consulté un nutritionniste ou un diététicien, dont 33% des individus atteints de cancer et 27% de ceux sans cancer.

Sur l’ensemble de la cohorte, l’immense majorité (82%) a déclaré se soucier de son alimentation.

Une majorité de participants évoquait que pour elle l’alimentation pouvait modifier le risque de cancer (93%) et les deux tiers (66%) indiquaient que l’alimentation devait être personnalisée en fonction du risque de cancer.

Toutes catégories confondues, environ 7 personnes sur 10 évoquaient manquer d’information concernant les interactions entre nutrition et cancer. Seuls 12% des patients atteints de cancer estimaient avoir reçu suffisamment d’informations concernant la nutrition au cours de leur parcours de soins. 

Parmi les croyances erronées, un peu moins de 3 sur 10 (29%) pensaient que manger 5 fruits et légumes par jour était suffisant pour éviter le cancer, et 64% évoquaient que les compléments alimentaires pouvaient contribuer à obtenir une meilleure santé. 

Tous les thèmes nutritionnels évoqués par l’enquête ont été jugés comme importants par les participants, et par ordre de priorité : les aliments protecteurs contre le cancer et la rechute du cancer, les aliments à risque de cancer, le rôle des nutriments, les aliments bio, les aliments ultra-transformés, les compléments alimentaires et vitaminiques, les scores et applications nutritionnels et le poids optimal étaient des sujets d’intérêt pour 75% à 90% des participants. Concernant les régimes, les participants étaient particulièrement intéressés par le jeûne intermittent et les régimes pauvres en glucides.