Alimentation et cancer de la vessie : de nouvelles données issues d’une très large analyse

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Des chercheurs ont poolé les données de 11 cohortes prospectives, 2.848 cas de cancers et 515.697 sujets témoins, pour répondre à la question « Est-ce qu’il existe une association entre la consommation de viande et de poisson et le risque de cancer de la vessie ? ». 

Qu’ont-ils mis en évidence ? La seule association significative mise en évidence concerne la consommation d’abats chez les hommes. Ainsi, les plus gros mangeurs de ce type d’aliments auraient une augmentation de 18% du risque de cancer de la vessie. Aucune autre association significative n’a été mise en évidence à travers cette étude.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

L’incidence du cancer de la vessie est particulièrement importante dans le Sud et l’Est de l’Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord. Ce cancer survient principalement chez l’homme et le sujet âgé. Plusieurs facteurs de risque potentiels ont été mis en évidence notamment le sexe, l’âge, le tabagisme, l’exposition à des agents carcinogènes comme les composés aromatiques, l’arsenic et les infections urinaires à répétition. Des données suggèrent également que l’alimentation pourrait jouer un rôle important. Cependant, le dernier rapport du World Cancer Research Fund International a mis en évidence le manque de données épidémiologiques robustes permettant d’établir une association entre alimentation et cancer de la vessie. Or, les données de la littérature sont pour l’instant contradictoires. D’où l’intérêt de pooler de nombreuses cohortes prospectives pour dégager des tendances.

Méthodologie

Les données sont issues d’un consortium international nommé BLEND (BLadder cancer Epidemiology and Nutritional Determinants). Les données poolées correspondaient à 5.498.025 sujets-années de suivi. Elles ont permis d’évaluer les associations entre la consommation de viande rouge (totale) et transformée, de volaille, de poisson et le risque de cancer de la vessie.

Principaux résultats

L’âge moyen était de 60,6 ans pour les sujets ayant développé un cancer de la vessie, et de 52,5 ans pour les témoins. Au global, 32% d’hommes ont été inclus et 99,6% des participants étaient caucasiens. Les cancers de la vessie concernaient dans 75% des cas un homme, dans 39% des cas un fumeur actif, et dans 41% des cas un ancien fumeur. Les résultats des analyses suggèrent une augmentation significative du risque de cancer de la vessie de 18% chez les hommes mangeant le plus d’abats par rapport à ceux qui en mangent le moins. Cette association a été confirmée après ajustement sur la consommation de volaille et de poisson. 

Inversement, une diminution de 29% du risque de cancer de la vessie a été constatée chez les plus gros consommateurs de volaille par rapport aux plus faibles consommateurs. En revanche, cette association n’était pas maintenue après ajustement sur la consommation de viande rouge. Enfin, une diminution non significative de 21% du risque de cancer de la vessie a été observée chez les hommes les plus gros consommateurs de poisson et de produits dérivés par rapport aux plus faibles consommateurs (Hazard ratio 0,84 [0,72-1,00], ptendance = 0,08). 

Les auteurs suggèrent que les modes de cuisson des abats (qui favorisent la production d’agents mutagènes) et la forte teneur en acides gras saturés contribueraient à l’association mise en évidence.