Algies vasculaires de la face : spécificités liées au sexe

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une large étude suédoise a décrit les différences existant entre les patients souffrant  d’algies vasculaires de la face selon leur sexe. La rythmicité, la fréquence des formes chroniques et les potentiels facteurs déclencheurs étaient significativement différents.

  • Les auteurs estiment important que les médecins soient conscients de ces différences afin d’améliorer le repérage, notamment chez les femmes qui sont souvent sous-diagnostiquées, ainsi que la prise en charge.

Pourquoi est-ce important ?

L’algie vasculaire de la face toucherait environ 1 personne sur 500, principalement des hommes. Cependant, il semble que le rapport hommes/femmes ait évolué au fil des ans, passant d'environ 6 pour 1 avant les années 1960 à entre 2,5 et 5,1 pour 1 récemment. Cette évolution pourrait être due aux changements de mode de vie ou à sa meilleure connaissance et identification.

Étant donné que la littérature est assez contrastée sur l’existence ou non de spécificités cliniques liées au sexe, des chercheurs ont souhaité explorer la question à partir de l’analyse de la plus large cohorte de patients atteints d'algie vasculaire de la face constituée à partir de données suédoises.

Méthodologie

Les participants à l'étude ont été identifiés à partir des dossiers de santé de tous les principaux hôpitaux et cliniques suédois ayant accueilli en hospitalisation ou en consultation externe des patients atteints d’algie vasculaire de la face entre 2014 et 2020. Tous les diagnostics ont été passés en revue par les experts co-auteurs de l’étude. Ils ont été génotypés pour leur sexe biologique et ont été contactés pour participer à l’étude et répondre à un questionnaire qui comportait trois volets : informations sociodémographiques et médicales, aspects cliniques de la maladie, mode de vie.

Principaux résultats

Au total, 874 participants avec un diagnostic confirmé ont été inclus dans l’étude, dont 65,8% d’hommes. Les participants avaient déclaré un âge moyen de début de symptômes identique dans les deux sexes (environ 32 ans), même si les femmes avaient plus souvent déclaré la maladie avant 20 ans (23,0% vs 16,2%). Ceux qui avaient une algie vasculaire de la face chronique étaient plus souvent des femmes (18,4% vs 9,4%, p=0,0002). Par ailleurs, la rythmicité annuelle était comparable entre les deux sexes, avec un pic en automne et un moins important au cours du printemps.

Les crises tendaient à durer plus longtemps chez les femmes, mais leur fréquence et leur sévérité (élevée) étaient comparables à celles des hommes. Si les symptômes associés étaient comparables, le ptosis et l'agitation étaient plus fréquents chez les femmes, ce qui concorde avec des études antérieures (à noter que l'agitation était formulée comme un "besoin de bouger").

Les femmes étaient plus nombreuses à signaler une rythmicité diurne de leurs crises (74% vs 63%). Elles étaient plus susceptibles d'avoir des crises la nuit, notamment entre 2 et 4 heures du matin, le risque étant minimal le midi.

Un nombre plus élevé de femmes avaient un parent du premier ou du deuxième degré souffrant également d’algie vasculaire par rapport aux hommes (15% vs 7%). Les déclencheurs possibles des algies déclarées par les participants (en texte libre) étaient en premier lieu l'alcool (50,7%, soit 56,5% chez les hommes et 40,5% chez les femmes p=0,001), puis le stress (respectivement 20,5% contre 37,4% respectivement, p=0,0001). Les femmes déclaraient ensuite plus fréquemment les changements de temps/température ou les courants d'air ou encore le manque de sommeil (25,2% contre 11,3%, et 14,7% vs 8,1%) tandis que les hommes rapportaient plus volontiers l’impact de la nourriture ou des boissons non alcoolisées (13,1% vs 6,7%). Le chocolat, les sucreries ou les aliments et boissons riches en sucre étaient les plus souvent cités.