Alcool et maladies cardiovasculaires… une relation ambivalente
- Ricci C & al.
- BMJ
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les résultats de l’étude EPIC-CVD montrent que le risque de maladie cardiovasculaire liée à la consommation d’alcool serait différent selon que l’on s’intéresse aux coronaropathies ou aux AVC. La consommation d’alcool serait inversement associée au risque de coronaropathie non fatale, mais positivement associée, et de manière quasi similaire, au risque d’AVC ischémique et hémorragique. La mise en évidence de cette relation ambivalente en fonction de l’atteinte considérée ne remet bien évidemment pas en cause les politiques de santé publique visant à réduire la consommation d’alcool, puisqu’il a par ailleurs été démontré que la consommation d'alcool augmentait le risque de mortalité toutes causes et de cancer.
Pourquoi est-ce important ?
Des études épidémiologiques avaient mis en évidence qu’une consommation modérée d’alcool était associée à une diminution du risque de coronaropathie par rapport à l’abstinence ou à la forte consommation. Par ailleurs, si la consommation d’alcool a été associée à un risque d’AVC plus élevé, le risque n’avait pas été quantifié par rapport au sous types d’AVC, ou de la quantité d’alcool consommée. Enfin, la plupart des études ont évalué l’impact de la consommation d’alcool à l’inclusion, sans comparaison avec la consommation au cours de la vie.
Principaux résultats
L’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and nutrition cohort) menée dans 8 pays européens a inclus 519.978 adultes. EPIC-CVD est plus spécifiquement une étude cas-témoins comparant l’association entre la consommation d’alcool et le développement de maladies cardiovasculaires à partir d’une sous-population de 18.816 sujets ayant développé une maladie cardiovasculaire au cours du suivi mené entre 1991 et 2000 et un échantillon de 17.634 témoins. L’âge médian au recrutement était de 52 ans, et le suivi médian était de 12,5 ans. La consommation moyenne d’alcool à l’inclusion et au cours de la vie était respectivement de 24 et 30 g/j chez l’homme et de 10 et 8 g/j chez la femme. Au total, 9.307 évènements cardiovasculaires non fatals et 1.699 fatals, 5.855 AVC non-fatals et 733 fatals ont été recensés au cours de l’étude.
Par rapport à ceux qui ne consommaient que 0,1 à 4,9 g/j d’alcool à l’inclusion (groupe de référence), ceux qui en consommaient entre 5,0 et 14,9 g/j, 15,0 et 29,9 g/j ou 30,0 et 59,9 g/j avaient un risque de coronaropathie fatale qui évoluait selon une courbe en J, respectivement de 0,83, 0,65 et 0,82. L'évolution du risque de coronaropathie non fatale était inversement associée à la consommation d'alcool à l'inclusion pour les doses évaluées, par rapport au groupe de référence (HR de 0,82 pour 5,0 à 14,9 g/j, 0,78 pour 15,0 à 29,9 g/j, 0,73 pour 30,0 à 59,9 g/j et 0,68 pour ≥60,0 g/j).
En revanche, la consommation d’alcool à l’inclusion était positivement associée au risque d’AVC ischémique ou hémorragique, avec respectivement un HR de 1,05 (p=0,001) et 1,10 (p<0,001) pour toute augmentation de 12 g/j d’alcool.
L'association entre la consommation d'alcool et le risque d'évènement cardiovasculaire était assez similaire selon que l'on considérait la consommation à l'inclusion ou la consommation au cours de la vie.
L’analyse du type de boisson a permis de mettre en évidence une association négative entre la consommation de bière et le risque de développer une coronaropathie non fatale, et positive avec le risque d’AVC non fatal. L’association entre la consommation de vin et le risque de développer une maladie cardiovasculaire était moins clair.
Principales limitations
Des facteurs de confusion peuvent exister, et l’évaluation n’a pas permis de comparer l’impact d’une consommation régulière durant le repas versus une alcoolisation excessive sur un temps court.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé