Ajustements fréquents de doses : signe de nouvelles interactions médicamenteuses ?

  • Gwendolyn Rak
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

La nécessité d’ajuster fréquemment les doses de médicaments chez les patients s’étant fait prescrire plusieurs médicaments pourrait indiquer la présence d’interactions médicamenteuses qui n’étaient pas connues auparavant. C’est ce que suggèrent les résultats d'une étude publiée dans la revue PLOS Digital Health.

L’étude a examiné les dossiers médicaux électroniques de plus d’un million de patients au Danemark et a identifié près de 4.000 combinaisons de médicaments associées à des ajustements de dosage plus fréquents en cas d’administration conjointe. Parmi ces combinaisons, 83% étaient associées à des interactions médicamenteuses connues. Les auteurs suggèrent que les 694 paires de médicaments restantes pourraient être impliquées dans des interactions médicamenteuses non identifiées auparavant. 

La polymédication est particulièrement fréquente chez les sujets âgés. Crédit : 10’000 Hours

Søren Brunak, professeur à l’Université de Copenhague et directeur de recherche du Centre de recherche sur les protéines de la Fondation Novo Nordisk, a déclaré à Univadis.com que leur méthode pouvait être utilisée pour identifier de nouvelles interactions médicamenteuses.

La polymédication est particulièrement fréquente chez les adultes plus âgés qui sont plus susceptibles de présenter plusieurs maladies chroniques. Elle est associée à des risques accrus pour la santé en raison de la possibilité d’interactions médicamenteuses nocives. La recherche sur la polymédication s’est généralement concentrée sur le nombre et le type de médicaments que reçoit un patient. Søren Brunak et son équipe ont voulu découvrir comment le dosage de chaque médicament pouvait également avoir un impact sur les interactions et les résultats pour la santé. 

Leur approche a consisté à utiliser un vaste ensemble de données en situation réelle comme point de départ pour identifier un large éventail d’interactions potentielles, lesquelles pourraient ne pas être identifiées dans le cadre d’essais cliniques plus restreints. Selon Søren Brunak, des études de suivi pourraient être menées sur les paires identifiées dans le cadre de leur recherche afin de déterminer s’il existe effectivement une interaction et si certains effets secondaires sont plus probables. 

Les interactions entre les médicaments ne sont pas nécessairement des contre-indications à leur utilisation conjointe, a expliqué Pierre Marquet, président de l’Association européenne de pharmacologie clinique et de thérapeutique (European Association for Clinical Pharmacology and Therapeutics) dans une entrevue accordée à Univadis.com. Les patients qui prennent plusieurs médicaments sont souvent atteints de maladies graves. Pour certains, les avantages liés à la prise de médicaments dont les interactions sont connues peuvent l’emporter sur les effets secondaires associés, que les médecins peuvent aider à prendre en charge.

Pierre Marquet, qui n’a pas participé à l’étude, a ajouté que les ajustements de doses n’expliquent pas nécessairement toutes les réactions indésirables à des médicaments et que, inversement, des ajustements peuvent être effectués pour diverses raisons. 

« Le problème posé par la polymédication ne se résume pas au nombre de médicaments ou à leurs interactions médicamenteuses. Il s’agit également de l’adéquation du médicament, compte tenu de la pathologie et de la situation du patient », a-t-il déclaré. À titre d’exemple, Pierre Marquet a cité les patients dont l’espérance de vie est limitée et qui continuent souvent à prendre des médicaments préventifs à long terme. 

Il a suggéré qu’à l’avenir, d’autres recherches soient menées sur les interactions avec les médicaments anti-infectieux, un domaine qui a été négligé dans la littérature. Pierre Marquet a en outre déclaré qu’il serait important de prendre en considération les combinaisons comprenant plus de deux médicaments. Bien que ces groupes de patients soient nécessairement plus restreints, l’application d’une technique de recherche similaire à de vastes ensembles de données permet d’améliorer la puissance statistique. 

Pour en savoir plus, suivez Univadis.com sur Facebook et X (anciennement Twitter).