Adhésion aux traitements dans la BPCO : ce que disent les données de la littérature

  • Salon F et al.
  • Revue des Maladies Respiratoires

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Bien que l’offre des traitements de la BPCO se soit élargie au cours de ces dernières années, l’adhésion au traitement reste globalement mauvaise. 
  • Des efforts sont attendus notamment pour simplifier les traitements et les posologies, améliorer les techniques de prise et motiver les patients.
  • Une meilleure communication des professionnels de santé avec leur patient apparaît également comme une nécessité, passant notamment par une écoute des attentes et des difficultés rencontrées, un accompagnement et une éducation thérapeutique. Un partenariat médecins-pharmaciens incluant aussi les aidants semble un autre point important.

 

 

Malgré un élargissement de l’offre thérapeutique au cours de ces dernières années, l’impact médico-économique de la BPCO reste important. Détection tardive de la maladie ? Traitements sans impact significatif sur l’histoire naturelle de la maladie ? Ou encore mauvaise adhésion aux traitements inhalés ? L’impact de cette dernière ayant été peu exploré, une équipe lyonnaise vient de réaliser une revue de la littérature sur le sujet pour caractériser l’adhésion et ses composantes, et mieux comprendre les facteurs associés et les conséquences d’une adhésion insuffisante. Les chercheurs ont ainsi retenu 94 articles sur l’adhésion thérapeutique parus entre 2010 et 2017. Il s’agissait d’études observationnelles (n=65), interventionnelles (n=11), ou d’articles de revue ou de synthèse générale. Les études observationnelles portaient sur les facteurs prédictifs de l’adhésion ou de la non-adhésion et sur leurs conséquences. Les études interventionnelles ont surtout évalué l’efficacité d’interventions visant à améliorer l’adhésion.

Une faible adhésion quelle que soit la classe thérapeutique considérée

L’ensemble des publications a rapporté une mauvaise adhésion aux traitements des patients souffrant de BPCO. Il n’a pas été possible de la chiffrer de façon globale en raison de l’hétérogénéité des méthodes utilisées et des biais liés aux auto-questionnaires. Quelques chiffres peuvent cependant être avancés au regard de 2 études. Une étude menée en 2014 par Ismaila et coll. a notamment observé 61,1% de patients adhérents et 47,7% de patients persistants sous LAMA, 62,9% d’adhérents et 45,3% de persistants chez ceux sous LAMA + CSI/LABA et 35,4% d’adhérents et 33% de persistants chez ceux sous association fixe CSI/LABA (1). Des chiffres à considérer avec prudence car les caractéristiques des patients diffèrent largement selon les classes pharmaceutiques incluses dans les traitements.

Des facteurs de non-adhésion très divers

De nombreux facteurs ont montré avoir un impact sur l’adhésion : des facteurs comportementaux ou psychologiques sont susceptibles d’avoir un impact positif (confiance en son médecin, connaissance de la maladie, présence d’un aidant) ou négatif (anxiété vis-à-vis de la maladie, persistance du tabagisme, présence de comorbidités telles que la dépression notamment) sur l’adhésion. La complexité du traitement et en particulier le nombre de traitements, d’inhalateurs utilisés et de prises quotidiennes, a aussi pu être associée à une mauvaise adhésion. Le type de dispositif semble également jouer un rôle, avec une réduction de 10% de l’adhésion chez les patients utilisant un inhalateur à poudre sèche par rapport à ceux utilisant un inhalateur doseur pressurisé. Enfin, les médecins ont également leur rôle à jouer puisque l’étude fait ressortir que, face à une aggravation de la maladie, la recherche d’une mauvaise adhésion et la vérification des techniques de prise ne sont pas réalisées de façon systématique.

Les effets d’une non-adhésion ou d’une adhésion insuffisante

Sur ce point la plupart des études convergent. Elles mettent en évidence un mauvais contrôle des symptômes, ainsi qu’une augmentation du risque d’exacerbation et d’hospitalisation. La qualité de vie est altérée et le taux de mortalité plus élevé, sans oublier des dépenses de santé augmentées. Cependant, ce constat n’est pas une fatalité puisque certaines études ont montré que des interventions de médecins et de pharmaciens sont susceptibles d’améliorer l’adhésion de 14% à 25%. Cela passe par une meilleure communication avec le patient, une éducation sur sa maladie ou encore par une formation à l’utilisation de l’inhalateur et implique des aspects émotionnels, cognitifs et motivationnels. Les nouveaux outils de communication peuvent apporter une contribution efficace. Mais là aussi les mesures de l’adhésion sont hétérogènes et les tailles d’échantillons souvent réduites.

 

1. Ismaila A, Corriveau D, Vaillancourt J, et al. Impact of adherence to treatment with tiotropium and fluticasone propionate/salmeterol in chronic obstructive pulmonary diseases patients. Curr Med Res Opin 2014;30:1427—36.