Adénocarcinome pancréatique : les résultats glaçants d’une étude épidémiologique française…
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
Des chercheurs et cliniciens français ont souhaité identifier des critères de prise en charge permettant d’optimiser la survie des patients atteints d’un carcinome pancréatique en France.
Les résultats de leur étude sont sans appel :
- Plus d’un patient sur deux atteints de carcinome pancréatique est opéré dans une structure réalisant moins de 20 pancréatectomies par an (volume d’activité jugé faible à modéré). Or, la centralisation de la prise en charge par des centres experts avec une activité importante pourrait améliorer la survie de ces patients.
- Durant la période d’évaluation, quatre patients sur dix atteints de cancer pancréatique en France n’auraient reçu aucun traitement spécifique.
- Chez les patients qui avaient bénéficié d’une chirurgie, d’une radio- et/ou chimiothérapie, le pronostic était amélioré par rapport à ceux qui n’avaient reçu aucun traitement.
Ces résultats mettent en évidence une relation inverse entre le niveau d’expertise de l’établissement de santé au sein duquel le patient est hospitalisé pour la première fois pour son cancer et la probabilité de bénéficier d’un traitement spécifique pour adénocarcinome pancréatique. Une analyse approfondie du parcours de soin des patients inclus est en cours afin de proposer ensuite des mesures adaptées de santé publique.
Pourquoi ces résultats sont importants ?
Une incidence qui augmente, une disparité de l’accès au soin qui participe au diagnostic tardif et un taux de survie à 5 ans inférieure à 10%, sont autant de challenges à relever face à ce cancer. C’est simple, selon des données datant de 2018, en France, tous cancers confondus, le cancer du pancréas est à la 10èmeplace en termes d’incidence et à la 4ème place en termes de mortalité. En l’absence de biomarqueurs diagnostiques, l’optimisation de l’accès au soin semble être un point crucial pour améliorer la survie des individus concernés.
Méthodologie
Cette étude a été réalisée en vie réelle durant toute l’année 2016. L’identification des cas d’adénocarcinome pancréatique nouvellement diagnostiqués a été réalisée via le système de données de sortie hospitalière de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Principaux résultats
Une large population de patients a été incluse (n=1.872). Ces patients ont été hospitalisés au sein de 118 structures hospitalières différentes : dont 19 dans une structure identifiée de niveau 1 d’expertise, 87 de niveau 2 et 12 de niveau 3.
À la première hospitalisation, l’âge moyen des patients était de 72 ans, 51,6% étaient des hommes et 33% étaient atteints d’une tumeur métastatique. Sur l’ensemble des sujets, 19,6% souffraient de malnutrition, 17% avaient un diabète et 2% une obésité. L’incidence globale des adénocarcinomes pancréatiques sur la région évaluée était de 22,6/100.000 personnes-année. Durant le suivi d’un an, 18,9% des patients avaient bénéficié d’une chirurgie curative, 39,7% d’une chimio- et/ou radiothérapie, et 41,4% n'avaient reçu aucun de ces traitements.
L’âge moyen de ceux qui avaient bénéficié d’une chirurgie était de 67 ans. Quatre individus sur 10 parmi eux avaient subi cette intervention en hôpital universitaire, 35% en clinique privée, 12% en hôpital général et les autres en hôpital général, centre anticancéreux ou en dehors de la région.
Au global, 55,5% des patients opérés l’avaient été dans un centre réalisant moins de 20 interventions du même type par an, et 27% dans des centres en réalisant moins de 10 par an.
L’âge moyen de ceux qui avaient reçu une chimiothérapie et/ou une radiothérapie était de 69 ans. Et l’âge moyen de ceux qui n’avaient reçu aucun traitement était de 77 ans.
La chance de pouvoir bénéficier d’un traitement spécifique augmentait avec le niveau d’expertise de l’établissement accueillant le patient pour une première hospitalisation. Ainsi, une résection pancréatique avait été réalisée chez 1 patient sur les 27 admis en structure d’expertise de niveau 1 (3,7%) contre 15,4% des patients ayant accédé à une structure de niveau 2 et 24,5% de ceux ayant accédé à une structure de niveau 3. Cette même tendance a été retrouvée pour l’accès à la chimiothérapie et/ou radiothérapie : 18,5%, 37,9% et 43% en ont bénéficié respectivement en accédant pour leur première hospitalisation à un centre de niveau 1, 2 et 3.
Durant les 30 jours qui ont précédé la première hospitalisation, 64% des patients ont consulté leur médecin généraliste, 16% un gastro-entérologue. Les autres ont consulté ou été admis aux urgences. Peu d’entre eux ont eu un examen d’imagerie médical (19% une échographie, 12% un scanner, 6% une IRM). Au cours de la période d’évaluation, 72% des individus sont décédés. Le taux de survie global à un an était de 47%. Celui-ci était de 82%, 48% et 31% respectivement pour ceux qui avaient pu bénéficier d’une chirurgie, d’une radio- et/ou chimiothérapie ou d’aucun traitement.
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