Actualisation des recommandations américaines de prévention des chutes du sujet âgé vivant à domicile
- Moyer VA
- Ann Intern Med
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir sur la publication
L’US Preventive Services Task Force (USPSTF) a évalué les preuves disponibles sur la morbi-mortalité des effets bénéfiques et délétères de la prévention des chutes en soins primaires chez des sujets ≥ 65 ans vivant à domicile et ne présentant pas d’ostéoporose connue ou de déficit en vitamine D avéré. L’USPSTF recommande de proposer des exercices de prévention des chutes à ces individus (recommandation de niveau B). Elle recommande également aux cliniciens d’offrir des interventions multifactorielles pour prévenir le risque de chute de manière sélective, chez les plus de 65 ans vivant à leur domicile et ayant un risque accru de chute (recommandation de niveau B). L’intérêt de cette approche doit être déterminée au niveau individuel ; le clinicien et le patient devant tenir compte des avantages et inconvénients de la démarche en fonction des chutes antérieures, de la présence de comorbidités et des préférences du patient (recommandation de niveau C). En revanche, sur la base des analyses effectuées, la supplémentation en vitamine D ne présenterait aucun intérêt pour limiter les chutes pour les sujets qui vivent à domicile (recommandation de niveau D).
Pourquoi est-ce important ?
Les chutes sont la principale cause de morbi-mortalité chez les sujets âgés en France comme aux Etats-Unis. En France, selon l’Institut de veille sanitaire environ un tiers des 65 ans et plus et la moitié des 80 ans et plus vivant à domicile tombent au moins une fois par an1, avec de lourdes conséquences en termes de morbi-mortalité.
Quelles sont les recommandations françaises ?
En France, un référentiel d’évaluation du risque de chute chez le sujet âgé autonome et de sa prévention a été publié par la HAS en septembre 2012.
Celui-ci consiste à rechercher systématiquement chez toute personne âgée un antécédent de chute dans l’année qui précède la consultation médicale ; à rechercher des facteurs de risque de chute chez toute personne âgée : âge >80 ans, sexe féminin, troubles psychiatrique, polymédication incluant des médicaments hypotenseurs (>4 médicaments différents/j) ou la prise de psychotropes, des troubles mictionnels, des troubles locomoteurs et/ou neuromusculaires, troubles de l’équilibre, maladie de Parkinson, besoin d’une aide à la marche, arthrose des membres inférieurs et/ou du rachis, anomalie des pieds, réduction de l’acuité visuelle, troubles comportementaux (consommation d’alcool, sédentarité, malnutrition, prise de risque), environnement à risque (habitat mal adapté).
Ces recommandations préconisent de faire pratiquer quelques tests simples pour confirmer l’absence de risque de chute au cours de la consultation en demandant au patient « Voudriez-vous vous lever et faire quelques pas ? » (le patient doit se lever, faire environ 3 mètres, tourner, et revenir s’asseoir sans aide, un déficit de mobilité est noté à partir de 20 secondes, et il est qualifié d’important si le temps de réalisation est supérieur à 29 secondes) ; « Pouvez-vous tenir en équilibre sur une jambe » (anormal si le patient tient moins de 5 secondes) ; faire réaliser une poussée sternale (un déséquilibre durant ce test est prédictif du risque de chute) ; ou demander au patient durant un test de marche « Que pensez-vous de… ? » (les personnes âgées fragiles s’arrêtent de marcher lorsque leur attention est sollicitée du fait d’une incapacité à gérer deux tâches en même temps). Enfin, chez une personne âgée faisant des chutes à répétition, les signes de gravité devront être recherchés (ex. traumatisme physique, hypotension orthostatique, …) et les facteurs prédictifs de récidive de chute également (ex. nombre de chutes antérieures, temps passé au sol supérieur à 3 heures, …).
L'intervention recommandée sera fonction des résultats de l’évaluation et consistera en une intervention multifactorielle personnalisée basée notamment sur un programme de rééducation-réadaptation pour améliorer les capacités physiques du sujet et renforcer son autonomie ; des modifications des prescriptions ; le traitement d’une hypotension orthostatique, d’une déficience visuelle ou de tout autre problème de santé ; la gestion de la peur de tomber de nouveau et les modifications de l’environnement.
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