Accouchement par césarienne sur demande de la femme : qu’en pensent les gynécologues-obstétriciens français ?

  • Boucherie AS & al.
  • Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

En France, environ 20% des accouchements se feraient par césarienne (données 2010). Une nouvelle étude vient d’évaluer la proportion d’accouchement par césarienne sur demande maternelle et la proportion des obstétriciens prêts à répondre à cette demande.

Cette étude montre que :

  • 1 médecin gynécologue-obstétricien sénior sur 4 serait prêt à pratiquer un accouchement par césarienne sur demande de la femme, 
  • Les internes dans le domaine semblent partager le même point de vue que leurs aînés sur les indications menant à cette demande, 
  • Les médecins exerçant en structure privée répondraient plus facilement à ce type de demande.

Pourquoi est-ce important ?

Le taux de césarienne n’a cessé d’augmenter à travers le monde au cours des dernières années. L’enquête nationale sur la périnatalité de 2016 a montré que 5% des délivrances par césarienne n’avait pas d’indication médicale. Pour autant, la position des médecins sur le sujet est mal connue. Il s’agit donc ici des premières données françaises portant sur le sujet. Selon cette nouvelle étude, la proportion de médecins qui acceptent l’acte est globalement faible par rapport à d’autres pays européens, notamment le Royaume-Uni où 75% des médecins gynécologues-obstétriciens ont déclaré y être favorables. L’accouchement par césarienne sur demande maternelle répond en partie à un courant féministe de contrôle de son corps par la femme et souligne ainsi les modifications de notre société sur ce sujet.

Méthodologie

Cette étude a été menée entre janvier et mars 2020, via un questionnaire anonyme auto-administré transmis par mail à des gynécologues et obstétriciens séniors et à des internes travaillant dans 16 maternités publiques et privées de Paris. 

Principaux résultats

Sur l’ensemble des médecins interrogés, 83 gynécologues-obstétriciens séniors (68% travaillaient en milieu hospitalier, 10% en maternité privée) et 115 internes ont répondu au questionnaire. La proportion de femmes était plus importante parmi les internes que parmi les médecins séniors. Globalement, 80,7% des médecins séniors avaient des enfants et la presque tous préféraient pour eux ou leur partenaire un accouchement par voie vaginale.  

Parmi les gynécologues-obstétriciens séniors interrogés, 30% des médecins séniors et 32% des internes ont déclaré avoir déjà réalisé au moins un accouchement par césarienne sur demande maternelle.

Sur l’ensemble des médecins séniors, 27,7% ont déclaré qu’ils étaient prêts à accepter de pratiquer un accouchement par césarienne sur demande maternelle. L’immense majorité d’entre eux estimaient que le mode d’accouchement devait être le choix de la mère. Parmi ceux qui avaient refusé de pratiquer cet acte sur demande de la mère, 84% le justifiaient du fait d’un risque accru de morbidité maternelle.

Concernant les raisons évoquées par les femmes, 55% des médecins séniors considéraient qu’aucune ne justifiait réellement l’acte. 

Les analyses ont montré que les praticiens exerçant en structure privée (maternités ou cabinets) étaient plus disposés à répondre à cette demande que ceux exerçant dans le public. Six scénarios cliniques ont été évoqués avec les répondants qui justifiaient l’acte : accouchement par césarienne sur demande de la mère, présence d’un utérus cicatriciel, présentation par le siège, grossesse multiple, antécédents de déchirures périnéales et enfant mort-né. Pour chacun de ces scénarios, les points de vue des médecins séniors ne différaient pas de ceux des internes sur l’acceptation ou non à réaliser cet acte. 

Principales limitations

Le panel de répondants n’est pas représentatif de la profession au niveau national.