A quand la fin du pass vaccinal ? Possiblement fin mars-avril, selon le Pr Fischer
- Stéphanie Lavaud
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
Auditionné mercredi par le Sénat, le Pr Alain Fischer a évoqué la possibilité de mettre fin au pass vaccinal fin mars-avril, si les conditions sont réunies [1]. Lors de son audition le président du Conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale (COSV) a par ailleurs fait le point sur la situation épidémique actuelle, l’arrivée de Novavax et s’est risqué à quelques prospectives sur les mois à venir.
Situation favorable à la suppression du pass vaccinal fin mars-début avril
Dans le cadre de la mission d’information sur l’adéquation du pass vaccinal à l’évolution de l’épidémie de Covid-19, le Pr Fischer a considéré que le fait d’avoir transformé le pass sanitaire en pass vaccinal « dans le contexte de virus à haut taux de transmission » qu’est Omicron était tout-à-fait adapté. Il a fait valoir qu’il s’agissait d’une « incitation à la vaccination » et a même dit y voir, « pour dire les choses comme elles sont », une « obligation partielle ». Avant d’ajouter « cela est justifié car la vaccination confère une protection individuelle mais aussi collective, vis-à-vis des personnes immunodéprimées et des personnes très âgées ».
Pour autant, aussi justifié soit-il selon le Pr Fischer, la question qui intéresse tout le monde, y compris le Sénat, est de savoir jusqu’à quand maintenir le pass vaccinal ?
Si Olivier Véran a récemment évoqué la possibilité de le supprimer avant le mois de juillet – qui est l'échéance prévue normalement par la loi – le Pr Fischer s’est montré plus précis. Pour mettre fin au pass, il y a « d’un point de point scientifique et médical », deux éléments très importants à prendre en compte.
D’une part, « être dans une situation de taux d’incidence réduit – largement moins que les 2 500 actuels – et surtout que la surcharge hospitalière actuelle ait disparue », c’est à dire que « les hôpitaux reviennent à un état de fonctionnement habituel et que les patients non Covid puissent être traités sans délai ».
D’autre part, il faut, qu’en parallèle, « la couverture vaccinale de rappel soit à un niveau très élevé ». Est-ce réaliste ? Oui, à en croire le Pr Fischer qui a estimé que « cela peut aller assez vite », et que la situation pourrait être satisfaisante « courant mars » en termes d’incidence, avec des conséquences hospitalières ad hoc « avec un décalage de 15 jours ». Si, par ailleurs, les gens font leur rappel – absolument primordial dans le contrôle de l’infection par Omicron et donc des formes graves – dans le cadre du pass vaccinal, alors on peut penser être dans une situation favorable d’ici la fin mars-avril, a-t-il indiqué.
A retenir que ce même mercredi, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a lui aussi mentionné à l’issue du Conseil des Ministres, la fin mars-avril pour voir le pass vaccinal disparaitre.
Chiffres du Covid en France au 8 février
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21,1 millions de personnes ont reçu un diagnostic de Covid depuis le début de l’épidémie, « un chiffre probablement sous-estimé mais qui donne un ordre de grandeur », selon le Pr Fischer,
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700.000 hospitalisations depuis 2020,
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133.600 décès depuis le début de l’épidémie « et au moins 5,7 millions dans le monde, un chiffre là encore probablement très sous-estimé »,
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un taux d’incidence en décroissance de 2,5%,
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le variant Omicron représente désormais plus de 99% des cas,
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2.695 hospitalisations par jour « dont 2/3 pour Covid et 1/3 avec Covid » précise le Pr Fischer,
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296 hospitalisations en soins critiques par jour « dont entre 80 et 90% pour Covid »,
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285 décès par jour, « ce qui est considérable et montre que l’on n’est pas encore au bout de la vague et de ses conséquences », commente le Pr Fischer.
Côté vaccins : quid d’une quatrième dose et de Novavax ?
Concernant la vaccination, et plus spécifiquement la nécessité d’une 4èmedose, ou deuxième rappel, le Pr Fischer a considéré que, contrairement à ce qui s’est fait en Israël, il n’y a « pas d’indication à ce jour, sauf pour les personnes immunodéprimées ». La raison en est qu’on n’observe pas « de diminution d’efficacité de protection sur les formes graves y compris chez les personnes les plus âgées ». Le président du COSV s’est néanmoins montré prudent : il n’est « pas exclu que je dise l’inverse dans une semaine si un signal apparaissait » ajoutant, très prudent, « il est très probable qu’il y ait une recommandation de 4ème dose dans les prochaines semaines ou mois pour les personnes les plus fragiles, les allemands viennent d’ailleurs de prendre cette décision ».
Questionné sur le vaccin de Novavax, développé selon une technologie vaccinale « classique » (vaccin protéique adjuvanté), le Pr Fischer a indiqué qu’il sera « disponible d’ici la fin du mois » et sera par ailleurs intégré dans le pass vaccinal. Il a rappelé qu’il s’agissait d’un vaccin sûr, mais « un peu moins efficace que les vaccins à ARN messager contre les infections et les formes graves ». Il sera proposé en cas de contre-indications (100 à 200 personnes seraient concernées en France selon le Pr Fischer) et chez les personnes très réticentes aux vaccins à ARN. Il. « Mieux vaut Novavax (ou Sanofi) que pas de vaccin du tout », a considéré Alain Fischer.
D’où viendra le prochain variant ?
La menace, sans le futur, est de voir apparaitre un tout nouveau variant. D’où viendra-t-il ? « On est absolument incapable de le prédire », a répondu le Pr Fischer. La solution est de « surveiller attentivement », sachant qu’« il sera forcément sélectionné par un certain degré d’échappement à la réponse immunitaire anticorps et avec une virulence que l’on ne connait pas ».
Le président du COSV a aussi rappelé que « la France n’est pas isolée mais s’inscrit dans un contexte mondial ». Si 10,05 milliards de doses ont été administrées (soit 40% de l’objectif mondial), « de nombreuses zones sous-vaccinées (Afrique, Inde, Pakistan…) constituent des foyers majeurs de l’épidémie où de nouveaux variants peuvent apparaitre », a-t-il considéré faisant sienne cette formule attribuée à un représentant du groupe Covax « No one is safe until everyone is safe ».
« On ne peut pas éradiquer ce virus »
Autre question d’intérêt : quelle va être la durée de protection des vaccins ? Là encore, aveu d’ignorance de la part du Pr Fischer : « La réponse est claire : je n’en sais rien. » Cela va dépendre de nombreux paramètres et notamment de quel type de variant circulera dans les mois qui viennent. Peut-être un variant totalement différent des autres, dont on ne connait pas a priori le niveau de virulence, ou bien la résurgence de variant comme Delta ? On peut toujours espérer un vaccin combiné couvrant plusieurs mutations de la protéine spike pour couvrir le spectre des différents SARS-Cov-2. « Ce qu’on peut dire sans se tromper, a-t-il considéré, c’est qu’on ne peut pas éradiquer ce virus. Le seul et unique virus éradiqué jusqu’à aujourd’hui, c’est celui de la variole, mais pour un virus respiratoire, c’est illusoire ». Selon lui, l’hypothèse la plus plausible serait « qu’on évolue dans un contexte d’endémie, qui évolue chaque année de façon saisonnière, par vague d’intensité variable sur le modèle de la grippe, nécessitant une vaccination annuelle ».
Qui sont les gens qui meurent aujourd’hui du Covid ?
Le Pr Alain Fischer a détaillé 3 grandes catégories de personnes :
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Les non vaccinés : plus de 80 ans, pathologies chroniques, précarité
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Les vaccinés incomplètement et avec des facteurs de risque
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Les patients immunodéprimés non répondeurs à la vaccination (environ 300.000 personnes en France)
Cet article a été écrit par Stéphanie Lavaud et initialement publié sur le site Medscape.
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