À bout de souffle… Les urgences attendent elles aussi une nouvelle organisation
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À travers un éditorial, un médecin urgentiste est revenu sur la crise que vit actuellement les urgences en France et sur l’impérieuse nécessité de mettre en place une régulation médicale efficiente. L’actualité récente, avec le drame de la jeune Naomi, n’est qu’un exemple de la crise que vivent actuellement les urgences. Cependant, les dysfonctionnements touchent plus largement l’ensemble de notre système de soins : crises dans les EHPAD, burn-out des soignants, surcharge des urgences, déserts médicaux, fermetures d’établissements ou de services….
L’inadéquation entre les besoins et les moyens
Au moins quatre points créent une augmentation des besoins : la précarité et la dépendance s’accentuent et durent plus longtemps du fait du vieillissement de la population ; les pathologies chroniques sont plus fréquentes ; l’accessibilité croissante à l’information médicale et l’immédiateté de la consommation favorise l’exigence des patients. Face à cette demande grandissante, l’offre ne suit pas, en atteste la diminution du temps médical disponible, la concentration des plateaux techniques créant des hôpitaux de proximité avec peu de moyens et d’autres totalement saturés.
Carrefour ville-hôpital
Les services d’urgence et les Samu-Centre 15, à la croisée entre la ville et l’hôpital, subissent une augmentation exponentielle de leur activité. Les gens ont recours à ces services car ils n’ont pas d’autres solutions et non « pour un rien » comme il est possible de l’entendre ou de le lire. Le Dr Braun, auteur de cet article rappelle que le métier d’un médecin urgentiste, consiste « à qualifier la demande (identifier le réel besoin de soins), agir pour préserver la vie et la fonction et orienter le patient au bon endroit au bon moment […]».
Recréer un vrai parcours de soins en urgence et créer un autre parcours pour le « non urgent » semble pour l'auteur un impératif plus important que les débats sur les numéros d’appel unique ou pas.
Ce parcours de soins en urgence doit être initié non seulement à l’entrée à l’hôpital, mais également dès l’appel. L’expérience de certains pays étrangers peut servir d’exemple comme ceux qui se sont dotés de plateformes d’appels d’urgence non médicalisées et qui envoient une ambulance pour un transport vers l’hôpital le plus proche pour tout appel relevant de la santé ; ou comme d’autres pays qui ont mis en place une régulation médicale des appels pour orienter le patient vers le professionnel le plus apte à le prendre en charge sans forcément recourir systématiquement aux urgences.
« Moderniser la régulation médicale au sein d’une plateforme « santé » et renforcer la réponse de soins primaires, c’est à dire la capacité des médecins généralistes à prendre en charge ce qui ne relève pas de l’hôpital » constitue une modification impérative de notre système de soins selon le Dr Braun.
S’appuyer sur le médecin régulateur pour rendre notre organisation plus efficiente
Le médecin régulateur est un urgentiste ou un généraliste le plus souvent, mais il peut s’agir d’un spécialiste en pédiatrie, psychiatrie, … en fonction des appels à prendre en charge. L’auteur préconise de réunir les composantes de la régulation médicale sur une même plateforme hospitalière ; de faire bénéficier les assistants de régulation médicale (ARM) de formations adaptées ; de développer des outils pour améliorer la régulation médicale ; de faire certifier la plateforme par la HAS, afin de répondre à des critères de qualité ; d’organiser les plateformes en réseau ; d'interconnecter les plateformes de secours et le système d’information national des Samu-Centre 15 dès qu’il sera mis en œuvre ; de graduer et organiser en réseau les services d’urgence ; de donner l’opportunité aux médecins généralistes de réinvestir la continuité des soins par les soins de premiers recours ; de permettre aux spécialistes libéraux de participer également à la continuité des soins et de créer une organisation nationale des transports sanitaires urgents.
Les sujets sont multiples, l’organisation optimale à trouver complexe, mais seule une vision moderne, intégrant les nouvelles technologies et replaçant le patient au cœur du dispositif permettra de relever ce défi.
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