Mesurer la santé perçue et la qualité de vie : un enjeu national

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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Il existe aujourd’hui de nombreux instruments « fiables et valides » pour évaluer la santé perçue par les malades comme par les bien portants, ainsi que leur qualité de vie. Mais estime le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), leur utilisation en routine est « peu visible » en France. De plus, ils sont souvent orientés sur l’axe fonctionnel et donnent moins d’importance aux facteurs sociaux, culturels et environnementaux. Certaines spécialités médicales en font un usage régulier (cancérologie, insuffisance rénale, greffe, sclérose en plaques, rhumatismes inflammatoires, VIH, certaines maladies mentales), alors que d’autres les délaissent (pédiatrie, gérontologie, fin de vie) par manque de consensus sur leur validité. De même, certaines collectivités locales et institutions (Haute Autorité de Santé, Santé publique France, etc) mènent des enquêtes sur la santé des populations, mais elles sont hétérogènes et peu coordonnées. C’est pourquoi le HCSP s’est auto-saisi sur le sujet afin d’élaborer plusieurs recommandations.

1) Dans le domaine du soin

  • « Tout patient atteint d’une maladie chronique devrait avoir une mesure de qualité de vie multidimensionnelle aux moments clés de l’évolution de la maladie et de son parcours de soin. Les résultats devraient générer immédiatement des informations quantifiées, présentées de manière simple, et interprétables en vue de la prise de décision. »

  • Il est souhaitable de mettre en commun les expériences, les réflexions et les convergences, par exemple grâce à une plateforme internet.

  • Les évaluations devraient porter également sur la qualité de vie au travail des soignants, qui est « un déterminant avéré de la qualité des soins ». Les outils existent et ils devraient être utilisés par des dispositifs indépendants.

  • Les outils de mesure devraient être enseignés aux professionnels de santé dès leur formation initiale. Cela passe par une « clarification » sur leurs concepts utilisés et leurs enjeux.

  • La tarification devrait tenir compte de l’évolution des indicateurs de santé perçue, de satisfaction patient, etc, aussi bien en milieu hospitalier qu’en ambulatoire.

  • La recherche, y compris participative (impliquant les patients), devrait être renforcée, notamment sur « la valeur prédictive des mesures vis-à-vis de la mortalité, de la morbidité ou de la perte d’autonomie », avec une détermination de seuils d’alerte.

2) Dans le domaine populationnel

  • « Des mesures de santé perçue, de qualité de vie et de bien-être devraient être incluses dans les indicateurs majeurs de santé suivis par la statistique publique française. Elles devraient figurer dans les diagnostics et évaluations d’impacts des plans nationaux, Projets régionaux de santé (PRS), Plans régionaux santé environnement (PRSE), Contrats locaux de santé (CLS). Le suivi dans le temps de leurs évolutions présente un intérêt majeur. »

  • Leurs résultats devraient être diffusés de manière lisible et compréhensible par tous, de façon à pouvoir alimenter les débats de santé publique avec les décideurs politiques et la population. Ici aussi « une plateforme d’instruments de santé perçue, qualité de vie et bien-être couramment utilisés en population en France permettrait de faciliter leur usage par les collectivités territoriales, les associations d’usagers, ou toute autre organisation. »

  • La recherche et la participation aux réflexions internationales devraient être encouragées, « pour une prise en compte du bien-être et de la qualité de vie non réductible à des mesures monétaires (type PIB – Produit intérieur brut). »

Que ce soit dans le domaine du soin ou populationnel, le HCSP recommande un pilotage national des dispositifs d’enquête.