Les 17-19 ans réclament une éducation à la vie relationnelle et sexuelle

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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En 2020, le Gouvernement a confié au HCE (Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes) une mission pour évaluer la façon dont les 17-19 ans perçoivent la répartition des rôles sociaux des femmes et des hommes dans les sphères familiales, professionnelles et sociales. Pour la mener à bien, le HCE a organisé plusieurs ateliers de jeunes dans toute la France, un sondage et une enquête sur les réseaux sociaux, et a mis en place une commission transversale dédiée ainsi qu’un Conseil des jeunes.

Le premier constat est que les jeunes de cette tranche d’âge ont une plus forte conscience des inégalités de genre et de leur caractère systémique que les générations qui les ont précédés. Par exemple, 74% des filles et 54% des garçons interrogé.es pensent « qu’il y a encore beaucoup à faire pour atteindre une égalité réelle. »

En particulier, la division des tâches domestiques apparaît comme « un point d’alerte unanimement partagé » : 93% des filles et 87% des garçons interrogé.es affirment qu’elles doivent être réparties à parts égales dans un couple. Cela étant, ces déclarations d’intention sont à nuancer : 40% des filles considèrent que les garçons sont mieux traités à la maison, contre 13% des garçons qui pensent de même. Et 51% de l’ensemble des répondant.es pensent qu’il est mieux que la mère arrête de travailler lorsqu’arrive un enfant.

Pour les filles, les espaces publics sont majoritairement adaptés pour les garçons. Ainsi 77% des filles interrogées considèrent que lorsqu’un espace public est majoritairement fréquenté par des garçons, « les filles ne s’y sentent pas bien. » Beaucoup de filles font remarquer que les installations sportives ne sont souvent pas aménagées pour elles (par exemple, les vestiaires).

Les critiques portent aussi sur l’école. Les auteur.es du rapport font remarquer que seuls 9,8% des textes présentés au cours de l’enseignement ont été rédigés par des femmes. Comme beaucoup d’autres avant eux, ils notent la « répartition très sexuée des orientations professionnelles au lycée », avec par exemple un choix préférentiellement féminin des métiers du « care », sous payés et peu considérés.

Manque d’éducation à la sexualité et aux relations humaines

Le manque d’éducation à la sexualité est criant. Les deux tiers des filles et la moitié des garçons pensent d'ailleurs que les sujets de harcèlement et de violences ne sont pas assez évoqués au cours de leur scolarité et qu’ils et elles se sentent désarmés.

AInsi,  l'enquête montre par exemple que 40 % des 18-24 ans ne considèrent pas comme un viol le fait de “menacer une personne pour qu’elle accepte d’avoir des relations sexuelles sans résistance.” Près d’un quart des jeunes de cette tranche d’âge « estime que lorsqu’une femme dit non pour une relation sexuelle, cela veut dire oui. »

D’une manière générale, les auteurs du rapport considèrent que c’est l’éducation aux relations humaines faites de respect, d’égalité et d’attention aux autres qui est fortement déficitaire. Et de nombreux jeunes pensent que c’est le rôle de l’école, en particulier sur le sujet des relations sexuelles qui est insuffisant, car il est plus difficile d’en parler à la maison, alors que les échanges avec des pairs oudes adultes tiers sont profitables.