5-ASA en cas de rectocolite hémorragique sévère : un dilemme enfin levé ?

  • Ben-Horin S & al.
  • Clin Gastroenterol Hepatol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Une étude randomisée vient de montrer qu’il n’y a pas d’avantage à associer un 5-aminosalicylates (5-ASA) à un corticoïde chez les patients hospitalisés pour rectocolite hémorragique (RCH) sévère. 
  • La prise en charge par corticoïde seul offre une réponse thérapeutique sans recours à un traitement par ciclosporine ou infliximab ou colectomie similaire à l’association.

Pourquoi est-ce important ?

L’intérêt des corticoïdes dans le traitement de la RCH modérée à sévère est bien établi. En revanche, il existe peu de données sur l’intérêt du maintien ou de l’initiation d’un 5-ASA en plus d’une corticothérapie. Un questionnement qui prend encore plus d’intérêt chez les sujets hospitalisés pour RCH sévère qui sont susceptibles de se dégrader rapidement ou d’avoir besoin d’une colectomie.

Méthodologie

Cet essai clinique, randomisé, contrôlé et en aveugle pour l’investigateur a été mené au sein de dix centres répartis dans six pays. Seuls les patients hospitalisés pour rectocolite hémorragique aiguë sévère (définie par un score Lichtiger ≥10) étaient éligibles. Les patients ont été stratifiés en fonction de la prise ou non de 5-ASA avant l’hospitalisation. Puis ont été randomisés pour recevoir soit un corticoïde seul, soit une association de corticoïde et de 5-ASA (mésalazine à raison de 4 grammes/jour).

Principaux résultats

Sur les 149 patients inclus dans les analyses, 70 étaient des femmes, d’âge médian 41 ans. Sur l’ensemble de cette population, 73 ont reçu un 5-ASA en plus du traitement par corticoïde et 76 un corticoïde seul. Les antécédents et les critères d’admission étaient globalement semblables entre les deux groupes de patients. Ceux du groupe corticoïde seul étaient cependant plus nombreux à avoir utilisé des corticoïdes avant l’admission hospitalière. 

Sept jours après l’hospitalisation, 25,5% de l’ensemble des sujets n’ont pas répondu au traitement. En parallèle, 72,6% des sujets sous corticoïde associé à un 5-ASA et 76,3% sous corticoïde seul ont répondu au traitement (baisse >3 points du score de Lichtiger, score absolu <10 sans recours à un autre traitement -ciclosporine ou infliximab- ou à une colectomie). L’odds ratio (OR) était donc de 0,82 ([0,39-1,72], p=0,60.)

Ainsi, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les deux groupes sur l’efficacité du traitement de la RCH. Aucune différence n’a été par ailleurs soulignée entre les deux protocoles thérapeutiques en ce qui concerne la durée d’hospitalisation (9 jours versus 10 jours, respectivement sous monothérapie ou bithérapie) ou le taux de normalisation de la CRP. À 7, 30 et 90 jours, il n’y a pas eu de différence entre les deux groupes en ce qui concerne le taux de colectomie. Le recours à un traitement biologique à a eu tendance à être moindre dans le groupe traité par 5-ASA. En effet, 47% et 27% des patients n’ayant pas ou ayant reçu du 5-ASA durant l’étude (au cours de l’hospitalisation ou après) ont eu besoin d’un traitement biologique avant le 90ème jour de l’étude (OR 2,4 [0,98-5,99], p=0,06).