Jouer la réussite scolaire de son enfant devant un écran : est-ce raisonnable ?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude vient d’apporter la preuve de la persistance d’une association longitudinale entre le temps passé devant un écran à l’âge de 12 mois et le déficit de l’attention ou des fonctions exécutives à 9 ans.
- Les mesures rapportées par des enseignants corroborent les mesures en laboratoire.
- Bien que ces résultats ne prouvent pas de lien de causalité, les auteurs estiment que « l’augmentation du temps passé devant un écran pendant la petite enfance est associée à des déficiences des processus cognitifs essentiels à la santé, à la réussite scolaire et au succès professionnel futur ».
Pourquoi est-ce important ?
De nombreuses études ont montré des associations entre l’exposition aux écrans durant la petite enfance et la survenue d’importants déficits de l’attention ou des fonctions exécutives.
En revanche il existe encore peu de données sur le maintien de ces déficits à l’âge scolaire. Une augmentation au niveau cérébral des puissances de basse fréquence (ondes thêta lentes) et un rapport plus élevé thêta/bêta ont été corrélés à un moins bon contrôle de l’attention.
Or, il est urgent d’identifier les associations entre l’exposition aux écrans des plus jeunes et les altérations cérébrales et cognitives dans le temps pour mettre en place des campagnes de santé publique spécifiques.
Méthodologie
L’objectif de cette étude prospective de cohorte était d’explorer l’existence ou non d’une association entre l’exposition aux écrans à l’âge de 12 mois et la diminution de l’attention à l’âge de 18 mois (mesurée par les signaux thêta et le rapport thêta/bêta). Puis d’examiner si ces différences d’activité électrocorticale précoces contribuaient aux variations de l’attention et des fonctions exécutives à l’âge de 9 ans.
Des dyades mère-enfant de la population GUSTO (Growing Up in Singapore Toward Healthy Outcomes) ont été incluses. Les enfants étaient âgés de 12 mois à 9 ans. Des mères enceintes ont été recrutées au cours de leur premier trimestre de grossesse entre juin 2009 et décembre 2010. Un sous-ensemble d’enfants ayant subi des examens neurodéveloppementaux à l’âge de 12 mois et de 9 ans et un EEG à l’âge de 18 mois a également été inclus. Des données d’exposition aux écrans à l’âge de 12 mois (déclarées par les parents), l’attention et la mesure des fonctions exécutives de l’enfant (mesurées par questionnaire par les enseignants et en laboratoire à l’âge de 9 ans) ont été recueillies entre novembre 2010 et mars 2020.
Principaux résultats
Au global, 437 enfants (âge moyen 8,8 ans, 52% de garçons) ont été inclus dans les analyses. Le temps moyen quotidien d’écran à l’âge de 12 mois était de 2,01 heures. Après ajustement (aux revenus de la famille, au poids de naissance, à l’exposition tabagique durant la grossesse, au sexe, à la présence d’une maladie mentale durant la grossesse chez la mère), le temps d’exposition aux écrans à l’âge de 12 mois était associé de manière indépendante à la mesure de l’attention (rapportée par l’institutrice et objectivement mesurée en laboratoire) et à la fonction exécutive. Le revenu familial était une variable significativement associée à la fonction exécutive à l’âge scolaire. Ainsi, toute heure supplémentaire d’exposition aux écrans à l’âge de 12 mois était associée à une diminution de 0,30 à 0,56 sur le score de réalisation de chaque tâche.
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