Harcèlement moral, discriminations, violences verbales ou physiques… : les médecins n’y échappent pas

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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Plus de 1.000 professionnels de santé membres de Medscape/Univadis ont été interrogés sur leurs expériences en termes de comportements inappropriés – définis par une attitude non professionnelle ou irresponsable – concernant des relations entre confrères, avec les patients, au travail ou dans leur vie privée. Les résultats de cette récente enquête constituent un baromètre de leurs expériences et de leurs attentes sur ces sujets.

 

Qui a répondu à cette enquête ?

1.077 médecins exerçant en France et membres des sites internet Medscape/Univadis ont participé à ce sondage en ligne, mené entre le 27 octobre et le 17 décembre 2021. Parmi eux, 51% étaient des hommes, 40% exerçaient en milieu hospitalier, 23% étaient des médecins généralistes.

 

Combien sont concernés par un comportement abusif ?

Ils sont nombreux ! En effet, un peu plus d’un quart des répondants ont déclaré avoir été victimes de comportements inappropriés sur leur lieu de travail et plus d’un tiers en avoir été témoins. Ces comportements inappropriés sont survenus principalement sur leur lieu de travail. Les victimes sont plus souvent des médecins hospitaliers (36% versus 15% pour les libéraux), et des jeunes (35% pour les moins de 40 ans versus 25% au-delà).

 

Les médecins ont-ils constaté une évolution de ces comportements ?

Pour plus de 6 professionnels sur 10 ayant répondu au sondage, il n’y a eu ni augmentation, ni diminution de ces comportements sur leur lieu de travail au cours des 5 dernières années. Deux médecins sur dix interrogés auraient perçu une diminution de ces comportements inappropriés au travail, suggérant pour certains que « la nouvelle génération semble moins sexiste et plus concernée par ces questions. » L’esprit carabin aurait-il fait son temps ? Peut-être. #MeToo et les campagnes contre le harcèlement moral ont pu contribuer à cette évolution également.

 

De quels types de comportements parle-t-on au juste ?

L’intimidation et le harcèlement des soignants arrivent en tête. Deux tiers des répondants en ont été victimes ou témoins depuis le début de leur carrière et un tiers au cours des cinq dernières années. Les internes en seraient les premières victimes. Le deuxième comportement inapproprié le plus fréquent concernerait le manque de respect vis-à-vis des patients (moquerie, dénigrement à leur insu) auquel 61% des médecins ont été confrontés depuis le début de leur carrière, puis le sexisme, le racisme, les agressions physiques envers les patients ou le personnel médical (dont 4 répondants sur 10 ont été victimes ou témoins depuis le début de leur carrière). Les comportements sexistes sont principalement rapportés par les plus jeunes (70% <45 ans versus 57% pour les plus âgés) et par les femmes (65% versus 47%).

 

Comment ont réagi les médecins face à ces comportements inappropriés ?

Environ 4 sur 10 ont parlé directement de l’acte concerné à la personne mise en cause et quasiment autant se sont abstenus de toute action, en particulier les plus jeunes. Un signalement au chef de service ou ressources humaines a concerné presque 2 victimes sur 10. Les signalements à l’Ordre des médecins ou les déclarations de plaintes restent rares. Les sanctions par la hiérarchie ou les ressources humaines n’ont concerné que 13% des comportements inappropriés rapportés. 

 

Qui sont les auteurs de ces comportements inappropriés ?

L’enquête révèle que 77% seraient des hommes, plus de 7 sur 10 auraient 50 ans et plus. L’arrogance que nous pourrions décrire par la volonté de dominer a été le premier des facteurs favorisants décrit par 57% des répondants, pour expliquer les comportements inappropriés, suivi du stress au travail (44%), des problèmes personnels (40%), de la santé mentale (39%), de l’éducation familiale/culturelle (38%), de l’évolution des mœurs (37%) et de l’exigence des patients (32%).

 

Si les deux tiers des praticiens s’accordent à dire que les médecins devraient se comporter selon des standards plus exigeants que ceux attendus pour la société en général, un tiers estiment que la société a des attentes bien trop élevées concernant le comportement des médecins. Près d’un tiers des médecins ayant participé à l’enquête regrettent le manque de formation durant leur cursus sur le comportement à adopter lorsque l’on est médecin. 

 

Pour découvrir d’autres informations liées aux résultats de cette enquête cliquez ici. Accédez également aux résultats d'un volet de l'enquête portant plus spécifiquement sur "Les médecins sur les réseaux sociaux". Tous ces résultats sont décrits par Véronique Duqueroy.