Mortalité maternelle : enseignements européens et nationaux

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude menée auprès de huit pays européens ayant un système de surveillance spécifique a permis de montrer une large disparité selon les pays : ce taux était ainsi maximal pour la Slovaquie (10,9 pour 100.000 naissances vivantes) contre 2,7/100.000 en Norvège.

  • Elle confirme que le taux de mortalité maternelle est globalement quatre fois plus élevé chez les femmes de 35 ans ou plus, par rapport à celui des femmes de moins de vingt ans.

  • En France, le taux de mortalité maternelle est de 8,0/100.000 et celui de mortalité maternelle tardive est de 10,8/100.000. Les cas de décès post-embolie amniotique y semblent plus fréquents.

  • Les auteurs suggèrent que tous les pays puissent se doter de systèmes de surveillance similaires pour permettre de mieux connaître les risques et les améliorations à fournir selon leurs spécificités.

Pourquoi est-ce important ?

La mortalité maternelle est un indicateur clé de la qualité des soins et est globalement basse dans les pays à revenu élevé. Cependant, les comparaisons internationales de cette mortalité, notamment entre pays de niveaux de revenu comparables ou proches sont importantes pour identifier des disparités et, le cas échéant, conduire à analyser et corriger certaines pratiques ou déficits, comme cela a déjà été le cas concernant l'hémorragie post-partum en France. Aujourd’hui, plusieurs pays européens ont mis en place un système de surveillance spécifique à la mortalité maternelle. Aussi, les auteurs de cette étude ont voulu comparer les données de ces pays pour en tirer des enseignements spécifiques à chacun d’entre eux.

Méthodologie

Les données de huit pays ont pu être analysées sur une période de trois ans (France, Italie, Royaume-Uni) ou cinq ans (Danemark, Finlande, Pays-Bas, Norvège, Slovaquie). Les décès qui ont été analysés sont l’ensemble des décès survenus au cours de la grossesse et jusqu'à un an après la fin de la grossesse. Ils étaient considérés comme tardifs lorsqu’ils avaient eu lieu entre 43 jours et un an après la fin de la grossesse (données accessibles pour la France et le Royaume-Uni). Les décès associés à la grossesse étaient ceux qui survenaient dans l'année suivant la fin de la grossesse, quelle qu'en soit la cause. Enfin, les décès maternels sont ceux dont la cause était liée ou aggravée par la grossesse ou sa prise en charge.

Principaux résultats

Le taux de mortalité maternelle était minimal en Norvège (2,7/100.000 naissances vivantes) et au Danemark (3,4/100.000) et maximal en Slovaquie (10,9/100.000) puis au Royaume-Uni (9,6/100.000). En France, il était de 8,0/100.000.

Les ratios de mortalité maternelle tardive étaient de 10,8/100.000 en France et 19,1/100.000 au Royaume-Uni, contribuant à la mortalité maternelle totale à hauteur respective de 25% et de de 50%.

Le taux de mortalité maternelle augmentait avec l’âge hormis aux Pays-Bas où la mortalité des jeunes femmes de moins de 20 ans était supérieure à la plupart des autres tranches d’âge supérieur. En France et en Italie, où les données sur la nationalité des mères étaient disponibles, les taux de mortalité étaient plus élevés pour celles de nationalité étrangère ou celles nées à l’étranger, ce qui n’étaient pas le cas en Norvège notamment.

Dans tous les pays, les principaux facteurs contributifs à ces décès étaient les maladies cardiovasculaires, et le suicide pour la mortalité maternelle tardive. D'autres facteurs spécifiques ont contribué de manière significative à la mortalité maternelle dans certains pays, comme la thromboembolie veineuse au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les troubles hypertensifs aux Pays-Bas, l'embolie amniotique en France, l'hémorragie en Italie et l'accident vasculaire cérébral en Slovaquie.