2016 : année record pour les encéphalites à tiques

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Entre 2013 et 2016, le nombre de cas confirmés d’infection par le virus de l’encéphalite à tiques (TBEV) était de 54, dont 29 cas pour la seule année 2016. La plupart des cas ont été contractés en Alsace (n=45) et ont été associés à une atteinte neurologique, dont 9 en ont conservé des séquelles.

Pourquoi est-ce important ?

Les encéphalites à tiques, liées à la transmission d’un flavovirus lors de la morsure, constituent la plus importante maladie neuro-invasive transmise par les tiques en Europe et Asie. L’épidémiologie de la maladie est étroitement corrélée aux conditions climatiques, à l’importance des populations animales vectrices de tiques et à la couverture vaccinale. En France, depuis 1968, une dizaine de cas est à déplorer chaque année, essentiellement en Alsace. En 2016, une augmentation du nombre de cas a été observée dans cette région. Le laboratoire strasbourgeois spécialisé dans le diagnostic biologique de la maladie a donc conduit une analyse de l’ensemble des cas qui lui ont été adressés depuis partout en France entre 2013 et 2016.

Les auteurs estiment que la fréquence française de l’infection est sans doute sous-estimée. Ils soulignent également le fait que la prévalence de l’infection des tiques par le flavovirus ou celle de la séroprévalence de l’infection à TBEV n’est pas documentée en France. Face aux changements climatiques qui favorisent la prolifération de son vecteur, de nouvelles études seraient les bienvenues.

Principaux résultats

  • Au total, 54 patients ont vu leur diagnostic d’infection TBEV confirmé parmi les 1.460 sujets testés. Le taux d’échantillons positifs était de 7,1% pour 2016 (n=29), contre 0,8% à 4% (n=4 à 11) pour les années précédentes.
  • Six cas étaient importés d’autres pays, tandis que 48 étaient des cas autochtones, dont 43 contractés en Alsace et 5 dans les Alpes autour d’Annecy. Pour 32 sujets, une morsure de tique était rapportée, tandis que l’origine de l’infection n’était pas expliquée dans 21 cas (1 cas lié à la consommation de lait de chèvre non pasteurisé).
  • Aucune co-infection avec Borrelia n’a été identifiée et un cas de TBEV a été identifié parmi les 39 échantillons analysés rétrospectivement après négativité d’infection à Borrelia (cf Méthodologie).
  • Globalement, 53 des 54 patients ont été hospitalisés et 33 ont souffert de manifestations neurologiques. Selon le dernier suivi disponible pour 27 sujets (15 jours à 14 mois), 9 ont conservé des séquelles neurologiques.
  • Une immunisation contre l’infection à TBEV (IgM) était retrouvée chez 34 des 1.460 sujets testés, dont 19 par vaccination.

Méthodologie

Le laboratoire de virologie du CHU Strasbourg a compilé les résultats de tous les échantillons biologiques reçus pour une recherche d’IgM et d’IgG spécifiques du virus TBEV entre 2013 et 2016, soit 1.643 prélèvements (202 LCR et 1.441 sang) issus de 1.460 personnes. Ils ont ajouté rétrospectivement 39 échantillons collectés en 2016 par le CNR Borrelia, prélevés chez des sujets présentant une atteinte neurologique mais ayant été négatifs pour la maladie de Lyme.