15 minutes de marche par jour pour les plus âgés !

  • Raffin J & al.
  • J Am Med Dir Assoc

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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Les bénéfices de l’activité physique sur la santé et le bien vieillir ne sont plus à démontrer. Mais les bienfaits de l’activité physique se maintiennent-ils dans le grand âge (plus de 75 ans) ? Quelle intensité d’activité est susceptible d’apporter des bénéfices santé, notamment sur le plan cardiovasculaire ? Quelle durée et avec quelle fréquence faut-il la conseiller ? L’exercice physique est-il encore utile chez ceux qui nécessitent une aide à la marche ? Les études épidémiologiques en éclaircissent peu à peu les modalités. Et leurs résultats encourageants soulèvent la question de la prescription d’une activité physique chez le sujet âgé, dans l’objectif de modifier les habitudes de vie et de maintenir un mode de vie plus actif à long terme.

Le bénéfice d’une activité maintenue dans le grand âge selon l’étude PROOF…

L’étude observationnelle PROOF (PROgnostic indicator OF cardiovascular and cerebrovascular events) a évalué la valeur pronostique du déclin de l’activité du système nerveux autonome (SNA) sur les événements cardiovasculaires et la mortalité toutes causes chez des sujets français retraités en bonne santé (1). Pas moins de 1.011 sujets âgés de 65 ans à l’inclusion ont été recrutés à partir des listes électorales de la ville de Saint-Etienne et un auto-questionnaire explorait leur activité physique dans ses différentes dimensions au cours des 7 derniers jours : activités domestiques, professionnelles, transports, loisirs, activités sportives. Les évènements cardiovasculaires et la mortalité de 688 sujets ont pu être enregistrés sur une période de suivi de 15 années.

Le fait de démarrer ou de reprendre une activité physique intense à modérée une fois à la retraite réduisait le risque de mortalité cardiovasculaire de 44% par comparaison aux sujets qui n’avaient pratiqué aucune activité physique durant la période de suivi. Les exercices de renforcement musculaire notamment permettaient de réduire ce risque de 54%.

À l’inverse, le fait de réduire son activité physique multipliait le risque d’événements cardiovasculaires par deux et la mortalité cardiovasculaire par trois. Cette observation valait également pour ceux dont le niveau d’activité était bas à l’inclusion.

Ces bénéfices étaient observés uniquement lorsque les sujets pratiquaient au moins 15 minutes de marche chaque jour, y compris chez les sujets très âgés handicapés ou utilisant une aide à la marche.

… confirmés par ceux des études BRISK WALKING et CHAMP

L’étude interventionnelle BRISK WALKING (Brisk Walking in Nursing Home Residents) encore en cours s’est intéressée à l’effet d’un exercice de marche rapide sur l’activité du système nerveux autonome,  chez des personnes âgées sédentaires (résidents d’EHPAD) (2). Elle compare l’effet à l’inclusion, à 3, 6 et 9 mois d’une activité de marche rapide une fois ou 3 fois par semaine à un groupe contrôle sans activité physique. Cent cinquante sujets de 60 ans et plus ont ainsi été recrutés au sein de 10 EHPAD de la Mutualité Française de la Loire.

Les résultats préliminaires montrent qu’après 3 mois, l’activité physique permet déjà une amélioration de la force de préhension et des performances au test de marche de 6 minutes chez les 30 premiers sujets de 85 ans inclus dans l’étude, avec un effet dose-réponse.

Ces résultats vont dans le même sens que ceux retrouvés récemment par l’étude de grande envergure Concord Health and Aging in Men Project (CHAMP) qui a montré que les sujets de plus de 80 ans tiraient les mêmes bénéfices d’une activité physique adaptée que les sujets plus jeunes (3). Ils incitent à prescrire également l’exercice physique aux plus de 75 ans et concluent que le grand âge n’est pas un handicap en soi, et encore moins une excuse pour rester sédentaire.