10 recommandations sur la prise en charge de l’embolie pulmonaire aiguë

  • Dr Mauricio Wajngarten

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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L’embolie pulmonaire a de multiples facettes et les diagnostics différentiels sont nombreux. Sa potentielle gravité implique de faire preuve d’agilité dans la démarche diagnostique et la prise en charge thérapeutique, d’autant plus que la marge d’erreur est étroite.

Pour faciliter la tâche, voici en résumé dix orientations simples et pratiques concernant le diagnostic et la prise en charge de l’embolie pulmonaire extraites des dernières recommandations de la Société européenne de cardiologie (ESC) [1]:

1. En cas d’embolie pulmonaire avec instabilité hémodynamique, réaliser une échocardiographie au chevet du patient est un moyen rapide de s’orienter vers une suspicion d’embolie pulmonaire ou vers une autre étiologie aiguë mettant en jeu le pronostic vital ;

2. Lorsqu’une embolie pulmonaire en phase aiguë est suspectée, alors que le bilan diagnostique est en cours, instaurer au plus vite un traitement anticoagulant, sauf en présence d’une hémorragie ou d’une contre-indication absolue ;

3. Utiliser des algorithmes diagnostiques recommandés et validés dans l’embolie pulmonaire, y compris pour une évaluation classique de la probabilité clinique (pré-test) et un dosage des d-dimères, afin d’éviter des examens par imagerie inutiles, coûteux et potentiellement préjudiciables ;

4. Si l’angioscanner suggère une embolie pulmonaire sous-segmentaire isolée, envisager un possible faux-positif. Il convient de demander un deuxième avis pour éviter une erreur de diagnostic et un traitement par anticoagulant non nécessaire ;

5. La confirmation d’une embolie pulmonaire sans instabilité hémodynamique implique de réaliser une évaluation supplémentaire pour stratifier le risque de décès, en mesurant la taille et/ou la fonction du ventricule droit et par le dosage de biomarqueurs, afin de décider s’il est nécessaire de traiter par reperfusion (patients à haut risque) ou bien d’autoriser un retour à domicile avec maintien des anticoagulants en ambulatoire (bas risque) ;

6. Chez les patients avec une embolie pulmonaire à haut risque, choisir la meilleure stratégie de reperfusion (fibrinolyse, embolectomie chirurgicale ou revascularisation percutanée) en prenant en compte le profil des patients et les ressources disponibles. Ces traitements doivent être une option accessible pour les patients à risque élevé ou intermédiaire présentant une aggravation de leur état ;

7. En l’absence de contre-indications, préférer un anticoagulant oral direct (AOD) aux traitements plus conventionnels par héparine ou antivitamine K ;

8. Après un premier épisode d’embolie pulmonaire, le risque de récidive de la thromboembolie veineuse persiste tout au long de la vie (à l’exception des cas d’embolie pulmonaire provoqués par un important facteur de risque transitoire ou réversible). Par conséquent, il est recommandé de revoir le patient pour évaluation après trois à six mois sous anticoagulant, en tenant compte de la balance bénéfices/risques et des préférences du patients concernant la prise en charge et le suivi ;

9. Lorsqu’une embolie pulmonaire est suspectée chez une femme enceinte, envisager le recours aux algorithmes diagnostiques, y compris ceux s’appuyant l’angio-scanner thoracique et la scintigraphie de perfusion, ces examens pouvant être utilisés de manière sûre pendant la grossesse ;

10. Après une embolie pulmonaire aiguë, les patients doivent être suivis et correctement évalués pour rechercher les signes d’une récidive de thromboembolie veineuse, d’un cancer, de complications hémorragiques liées au traitement anticoagulant, d’une limitation fonctionnelle ou d’une hypertension pulmonaire thromboembolique chronique (HTPC).

Cet article a été écrit par Dr Mauricio Wajngarten, traduit par Medscape France et publié originalement sur l’édition en portugais de Medscape, le 5 janvier 2022.