10 fois moins d’imagerie endocoronaire en France que dans d’autres pays européens, pourquoi ?

  • Rangé G & al.
  • Ann Cardiol Angeiol (Paris)
  • 19 oct. 2022

  • Par Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Contrairement à d’autres pays, l’imagerie endocoronaire est très peu utilisée en France lors des angioplasties coronaires « tout venant ».
  • Malgré la simplification de ces techniques d’imagerie, aucune augmentation de son usage n’est observée depuis plusieurs années. 
  • Son usage en France reste limité même dans les indications où elle est recommandée.

Pourquoi est-ce intéressant ?

Depuis plusieurs années, des techniques d’imagerie endoluminale, comme l’échographie endocoronaire et la tomographie par cohérence optique, viennent compléter les examens diagnostiques de la cardiopathie myocardique. Les recommandations de l’European Society of Cardiology établies en 2018 ont identifié 3 situations cliniques où l’utilisation de l’imagerie endocoronaire est recommandée : l’optimisation de l’implantation d’un stent ; l’angioplastie du tronc commun et les situations d’échec de stenting, telles que la restenose (RIS) ou la thrombose intra-stent (TIS). L’étude présentée ici a évalué l’application de ces recommandations en France via le registre national France PCI (Percutaneous Coronary Intervention). Elle offre par ailleurs un regard en parallèle sur l’usage de cette pratique dans d’autres pays.

Méthodologie

En 2021, le registre PCI regroupait les données des activités de coronarographie et d’angioplastie coronaire de 43 centres français. Toutes les données des angioplasties coronaires réalisées entre 2014 et 2021 au sein de ces centres ont été incluses dans cette étude.

Principaux résultats

Sur la période de l’étude, à partir des données étudiées, le taux d’utilisation de l’imagerie endocoronaire est passé de 1,2% à 1%. Selon les centres, sur l’activité de l’année 2021, 0% à 9,5% des angioplasties coronaires « tout venant » ont été guidées par imagerie endocoronaire. Son usage reste très limité (moins de 6%) en cas d’angioplastie du tronc commun, des resténoses ou des thromboses intra-stent alors que la technique est recommandée dans ces situations.

L’usage de cette technique varie selon le type d’établissement de santé, avec un taux de pénétration de l’imagerie endocoronaire de 1,2% pour les établissements privés, 2% pour les centres hospitalo-universitaires et 2,2% pour les centres hospitaliers généraux. 

Lors d’une angioplastie coronaire « tout venant », l’usage de l’imagerie endocoronaire correspond à 1,7% des procédures en France, contre 2,5% aux États-Unis, 10% en Suède, 16,2% en Grande Bretagne et au-delà de 80% au Japon. 

Cette technique est pourtant considérée comme un marqueur de bonnes pratiques cliniques dans de nombreux pays européen.

Une enquête menée en 2017 auprès de 1.105 cardiologues interventionnels du monde entier soulignait les raisons de la faible utilisation de cette technique : le coût élevé du matériel, le caractère chronophage de la technique, le manque de remboursement, le manque de formation pour l’interprétation, l’absence d’attitude consensuelle concernant les anomalies mises en évidence, le risque de complications et l’absence de données scientifiques suffisantes. Les auteurs soutiennent que « l’obtention d’un remboursement en France des techniques d’imagerie endocoronaire, au moins dans les situations où elles ont démontré clairement leur intérêt comme dans l’angioplastie du tronc commun, les RIS ou les TIS, semble incontournable pour commencer à relever leur niveau d’utilisation en pratique courante. » Mais il ne semble pas que cela suffira pour rattraper l’important retard de la France sur le sujet.