0-18 ans : bilan des maladies chroniques et recours aux soins

Pourquoi est-ce important ?

En France, les données nationales concernant la santé et le recours aux soins de l'enfant sont rares, en dehors d'études conduites spécifiquement sur certaines maladies ou certaines tranches d’âge. Cette étude observationnelle, en utilisant les données nationales de santé, permet de disposer d’une visibilité large sur la prévalence des ALD (Affection longue durée) chez les enfants selon leur âge, et d’évaluer le recours aux soins de santé qui y sont rattachés, comparativement aux enfants exempts de telles maladies.

Méthodologie

Cette étude a été menée à partir du Système national des données de santé (SNDS) en identifiant tous les individus âgés de moins de 18 ans au 31 décembre 2018 et résidant en France métropolitaine, hormis les enfants issus de grossesse multiple et les enfants morts durant leur première année de vie. Toutes les données sur les prescriptions, examens et actes remboursés réalisés en ambulatoire ou lors d'une hospitalisation ont été analysées, y compris le recours aux PMI (Protection maternelle et infantile).

Principaux résultats

Au total, 13,211 millions d'enfants (dont 51,2% de garçons) ont été identifiés, parmi lesquels 4,0% (4,6% des garçons et 3,3% des filles) avaient une maladie chronique. Cette proportion augmentait avec l'âge, passant de 1,5% chez les moins de 1 an à 5,2% pour ceux âgés de 14 à 17 ans.

Huit des 10 maladies chroniques les plus fréquentes avaient trait à des troubles mentaux et comportementaux (1,6%) : il s’agissait surtout de troubles du spectre autistique (0,53%), majoritairement chez les garçons (78,6%), et pour lesquels la prévalence était maximale à 9-10 ans (0,71%), pour diminuer ensuite à 0,51%. Venaient ensuite les troubles spécifiques du développement de la parole et du langage (0,17%) et le retard mental non spécifique (0,16%). Venaient ensuite la catégorie des malformations congénitales, déformations et anomalies chromosomiques (0,65%) et celle des maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques (0,35%). Prises individuellement, la maladie somatique la plus fréquente était l'asthme (0,24%), qui connaissait aussi un pic de prévalence parmi les 5-9 ans (0,27%). Chez les garçons, la maladie chronique la plus fréquente était les troubles du spectre autistique et, chez les filles, la scoliose (0,15%) qui atteignait un maximum de prévalence à 16 ans (0,44%).

Sur une période d’analyse d'un an, 88% des enfants avaient consulté un médecin généraliste ou un pédiatre, la proportion d'enfants ayant eu une consultation au cours de l’année diminuant avec l'âge chez les généralistes (<1 an : 98%, 14-17 ans : 81%) comme chez les pédiatres (<1 an : 54%, après 10 ans : <10%). Une visite en PMI était recensée pour 2% des enfants. D'autres spécialistes ont été consultés par 39% des enfants, principalement des dentistes (37,3%, avec des pics aux âges de 6, 9 et 12 ans), des ophtalmologues (25%) ou des dermatologues ou des ORL (7% chacun).

Au moins une visite aux urgences a été recensée pour 24% des enfants au cours de l'année d’observation (42% pour les 0-2 ans, puis environ 20% après 5 ans). Par ailleurs, ils ont été 8,8% à être hospitalisés (dont 4,5% pour une nuit ou plus). Ceux qui avaient une maladie chronique avaient plus souvent eu recours aux services de santé que ceux qui n’en n’avaient pas : ils étaient 90,1% (vs 87,9%) à avoir consulté un généraliste ou un pédiatre et avaient eu un nombre médian de visites plus élevé (4 vs 3 visites). Ils étaient aussi 49,8% à avoir consulté un autre spécialiste (vs 39,0%). De plus, ils étaient 16,5% et 19,6% à avoir eu recours au kinésithérapeute ou à une infirmière (vs 6,7% et 7,6% respectivement). Cette observation était faite quelle que soit la tranche d’âge (hormis les consultations généralistes à l'âge de 4 ans). De la même façon, ils avaient plus souvent été hospitalisés (26,5% vs 8,0%).