Évolution de la pression pulsée avec l’âge et le sexe
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude menée à partir d’un suivi de cohorte sur 14 ans a révélé des différences significatives de l’évolution de plusieurs paramètres hémodynamiques suivant le sexe. La rigidification aortique montrée par ces paramètres pourrait expliquer le risque accru des femmes à avoir une pression pulsée supérieure à celle des hommes au cours du vieillissement.
Une pression pulsée élevée est fortement associée à une rigidité aortique proximale, notamment chez les femmes, en lien avec une onde de pouls importante, tandis que la relation avec l’onde réfléchie est plus modeste.
« Le remodelage aortique des femmes sous les effets des stress physiologiques, tels que la prise de poids ou la rigidification aortique, peut être exacerbé par une carence relative en peptides natriurétiques après la ménopause »dont les taux sont plus élevés que chez les hommes dans la première partie de la vie adulte, expliquent les auteurs.
Pourquoi est-ce important ?
La pression pulsée (PP), qui reflète la différence des valeurs de pression artérielle systolique (PAS) et diastolique (PAD), augmente avec l’âge, notamment chez les femmes. Elle constitue un facteur de risque cardiovasculaire. Cependant, la pathogenèse de ce mécanisme n’est pas bien décrite : les études qui se sont penchées sur l’augmentation plus rapide de la PAS et de la PP chez les femmes que chez les hommes après 40 ans suggèrent un rôle de la rigidité aortique et de la réflexion de l'onde prématurée, mais elles étaient transversales ou avaient un court suivi longitudinal. Cette étude a l’avantage de proposer des mesures hémodynamiques acquises sur une période de 14 ans. Les auteurs ont émis l'hypothèse que les différences entre les sexes concernant la rigidité aortique contribuent aux différences en matière de PAS et de PP.
Méthodologie
Ce travail a été conduit à partir des participants de trois cohortes (Framingham 3e cohorte, Omni-2 et New Offspring Spouse). Tous ceux qui ont été inclus ont participé à trois visites médicales avec mesures des paramètres hémodynamiques à J0, à la 6e puis à la 14e année.
Principaux résultats
Au total, 4.595 personnes ont participé à l'évaluation hémodynamique de la première visite, puis 3.778 et 3.451 d’entre elles (âge moyen de 40,7, 46,9 et 54,4 ans respectivement).
La PAS a changé de façon minimale dans toute la tranche d'âge entre les examens 1 et 2 puis de façon modérée entre les examens 2 et 3, en particulier chez les femmes d'âge moyen et plus. La relation entre PAS et âge était relativement plate jusqu'au milieu de la vie et augmentait ensuite, en particulier chez les femmes. Les pressions moyennes et PAD augmentaient avec l'âge jusqu'au milieu de la vie. Ensuite, la PAD diminuait.
Chez les plus jeunes, la pulsatilité de la pression artérielle était plus faible chez les femmes que chez les hommes. En milieu de vie, elle augmentait davantage chez les premières pour dépasser celles relevées chez les hommes. La vélocité de l'onde de pouls était plus faible chez les femmes et augmentait avec l’âge selon une pente plus forte que chez les hommes. Les données des femmes montraient aussi un retour plus précoce de l'onde rétrograde et une augmentation plus importante de la pression centrale.
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