Épilepsies résistantes de l’enfant : le régime Atkins modifié supérieur au lévétiracétam
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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La comparaison du régime Atkins modifié au lévétiracétam chez des enfants souffrant d'épilepsie pharmacorésistante montre que l’approche nutritionnelle serait plus efficace pour réduire la fréquence des crises à 12 semaines, en association aux médicaments antiépileptiques habituels.
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À noter que le traitement conduisait à une fréquence supérieure de constipation chez les enfants, alors que le lévétiracétam conduisait plus volontiers à des épisodes de sédation, d’anxiété et d'irritabilité.
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Une étude non ouverte assortie d’enregistrements électroencéphalographiques pourrait aider à confirmer ces résultats, et notamment à s’assurer qu’aucune absence ou crises infracliniques n’échappe au journal des crises tenu par les parents.
Pourquoi est-ce important ?
Les épilepsies pharmacorésistantes posent un problème thérapeutique dans la population adulte et pédiatrique. L’une des alternatives historiquement envisagées est le régime cétogène, riche en matières grasses et faible en glucides. Il est cependant peu appétant et nécessite une initiation hospitalière. Le régime Atkins modifié est une approche nutritionnelle alternative plus appétissante qui combine le régime cétogène et le régime Atkins, favorisant lipides et protéines : il comporte en pratique des aliments comme les produits issus du soja, la crème, les matières grasses, les légumes verts à feuilles et les protéines animales. Les données sur son intérêt étant rares chez l’enfant souffrant d’épilepsie pharmacorésistante, des chercheurs ont conduit une étude ouverte sur le sujet.
Méthodologie
Cette étude monocentrique, randomisée et ouverte, a recruté des enfants de 2 à 12 ans atteints d'épilepsie pharmacorésistante (au moins 3 crises par semaine malgré le traitement par au moins deux antiépileptiques différents). Ils ont été randomisés entre le régime Atkins modifé (RAM) et le lévétiracétam (antiépileptique large spectre) associés aux traitements en cours.
Une première période d'observation de 4 semaines a été menée, au cours de laquelle les parents devaient tenir un journal des crises. Les enfants ont ensuite initié en ambulatoire le lévétiracétam (10 mg/kg/jour en deux prises augmenté à 20 mg/kg/jour après une semaine) ou le RAM qui prévoyait une consommation de glucides limitée à 10g/jour. La consommation de graisses était encouragée et aucune restriction n’était apportée concernant l'apport en protéines ou en calories totales. Les parents recevaient une liste de recettes appropriées. Les enfants ont été suivis durant 12 semaines.
Principaux résultats
Au total, 101 enfants ont été recrutés dans cette étude (âge moyen 61 mois, 68% de garçons). Il s’agissait de crises tonico-cloniques généralisées le plus souvent (64%) et l’étiologie de la maladie était principalement liée à une asphyxie périnatale. Ils étaient 44 parmi les 50 du groupe RAM à avoir maintenu le régime sur toute la période de l’étude.
Après 12 semaines, la proportion d'enfants ayant une réduction d’au moins 50% la fréquence des crises était significativement supérieure dans le groupe RAM que dans le groupe lévétiracétam (52,9% vs 22%, p<0,001). La fréquence moyenne dans chacun des groupes avait diminué de 47,33 et de 31,15% respectivement (p=0,03).
Les deux tiers des effets indésirables étaient recensés dans le groupe RAM mais le taux d’enfants ayant présenté au moins un effet indésirable était équivalent entre les deux bras de l'étude (41,1% vs 38%). La constipation (41,1%) était l'effet indésirable le plus fréquent avec le RAM tandis que sédation/léthargie (18%) et anxiété et irritabilité (14%) étaient plus fréquentes sous lévétiracétam.
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