Épilepsie : place au rayonnement infrarouge !

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Alors que de nombreux patients souffrant d’épilepsie peinent à être soulagés par les traitements ou souffrent d’effets indésirables, une revue de la littérature a rassemblé les éléments de la littérature concernant la photobiomodulation.
  • Reposant sur l’application d’ondes électromagnétiques dans le rouge et l’infrarouge sur les tissus cérébraux, cette technique dispose déjà d’éléments de preuve encourageant in vitro, in vivo et même chez l’Homme, chez lequel elle peut réduire l’activité épileptiforme et exercer un effet neuroprotecteur.
  • La photobiomodulation pourrait représenter une nouvelle approche non pharmacologique sûre et d’usage facile pour les patients épileptiques. Reste maintenant à l’évaluer dans le cadre d’essais contrôlés randomisés.

Pourquoi est-ce important ?

Environ 30% des patients épileptiques ne répondent pas aux traitements antiépileptiques classiques et nombre d’entre eux endurent des effets indésirables (troubles cognitifs, somnolence, etc.). Quant à la chirurgie, elle reste un traitement invasif et qui ne peut être utilisé dans tous les cas (épilepsie multifocale, foyer épileptogène non identifié ou proche de zones éloquentes). De nouveaux traitements non invasifs et dépourvus d’effets indésirables sont donc très attendus. La photobiomodulation utilise l‘effet de la lumière à des longueurs d’onde situées entre le rouge et l’infrarouge sur les tissus cérébraux. Une revue de la littérature vient de faire le point sur les données cliniques et précliniques de cette nouvelle approche thérapeutique de l’épilepsie.

Ce que l’on sait de la physiopathologie des crises

L’épilepsie est due à la formation de décharges électriques excessives dans le cortex cérébral et en particulier dans les régions au sein et autour de l’hippocampe. Parmi les facteurs contributifs à ce processus anormal ont été identifiés une dérégulation des canaux ioniques neuronaux, un dysfonctionnement des interneurones inhibiteurs, une gliose réactive chronique (hypertrophie et augmentation du nombre des astrocytes), ou encore l’activation de voies inflammatoires… Une mort neuronale est également observée au sein et au voisinage du foyer épileptique. Des éléments de plus en plus nombreux de la littérature semblent indiquer un lien étroit avec un dysfonctionnement du métabolisme neuronal impliquant notamment la mitochondrie, tant dans des modèles animaux que chez les patients .

Le principe de la photobiomodulation

La photobiomodulation repose sur l’application sur les tissus cérébraux de rayons lumineux dont les longueurs d’onde (l) sont situées entre 600 et 1000 nm. Plusieurs études réalisées sur des modèles animaux et chez l’Homme ont montré qu’elle pouvait influencer l’activité et la survie des neurones, avec un effet différent selon leur état sain ou pathologique. Appliqués sur des neurones altérés, les rayons lumineux sont absorbés par des photorécepteurs présents dans les mitochondries et stimulent la production d’ATP qui préside à de nombreuses fonctions cellulaires. Ils activent aussi l’expression de certains gènes protecteurs impliqués dans la survie neuronale. Globalement, ils améliorent l’état physiologique des neurones et les rendent plus résistants à différents stress.

L’effet semble un peu différent sur des neurones sains. Les chercheurs supposent à ce stade que la photobiomodulation contribuerait à restaurer un équilibre fonctionnel et de la connectivité dans différents circuits, en particulier lorsqu’ils sont dysfonctionnels.

De premiers éléments encourageants dans l’épilepsie

Dans différents modèles murins, la photobiomodulation a permis de réduire l’activité épileptiforme et la mort neuronale dans l’hippocampe, le cortex, l’hypothalamus et le thalamus. Des longueurs d’onde proches de celles de la photobiomodulation (1500 nm) se sont par ailleurs montrées capables de réduire l’activité épileptiforme sur des tranches de cortex de rat. Les chercheurs suggèrent donc maintenant d’évaluer la capacité de la photobiomodulation à supprimer une activité cérébrale anormale dans le cadre d’essais cliniques chez l’homme. De précédentes études ont déjà montré que via l’utilisation d’un casque, la lumière pouvait pénétrer de 30 à 50 mm dans les tissus cérébraux, alors que les tissus corticaux sont situés entre 10 et 15 mm. D’autres ont établi en IRM fonctionnelle que la photobiomodulation pouvait fortement impacter l’activité neuronale. Un nouveau champ d’exploration passionnant à suivre avec attention.